N°H20 – Tous professionnels de santé

HANDICAP PSYCHIQUE :
ACCOMPAGNER AUX SOINS SOMATIQUES

Dernière mise à jour : Juillet 2021
LE HANDICAP PSYCHIQUE =
Situation fréquente d’isolement et de repli social, de précarité.
Tendance à l’auto-stigmatisation : auto-dévalorisation et honte ; crainte du jugement d’autrui.
Troubles du rythme nycthéméral fréquents.
Difficultés d’initiation et manque d’énergie pour agir.
Manque de motivation et d’intérêt.
Conscience et perceptions de ses besoins et difficultés très variables et donc un moindre recours au système de soins, à une aide extérieure.
• Troubles cognitifs souvent associés :
troubles de l’attention et de la concentration entrainant des difficultés de mémorisation,
difficultés de planification et d’organisation pour exécuter une tâche,
manque de persévérance et fatigabilité cognitive.

Ces facteurs de vulnérabilité sont des tendances, non des constantes.

Ils sont variables en intensité, fréquence, durée, d’une personne à l’autre.

QUEL IMPACT SUR LE PARCOURS DE SOINS ?

Les personnes en situation de handicap psychique ont tendance à abandonner les démarches de soins, par découragement face aux efforts répétés pour agir, du fait de difficultés à rechercher des informations ou à faire face à une action nouvelle ou vécue comme compliquée ; sans avoir la perception du besoin d’une aide extérieure. Les impacts sont multiples, fluctuants.

Les difficultés à se mobiliser de façon persistante pour se soigner et à exprimer ses difficultés majorent le risque de rupture du parcours de soin

• Mauvaise gestion administrative Assurance Maladie, mutuelle ; Dossiers MDPH…

• Risque de rupture du parcours de soins. 

– Examens biologiques, radiologiques, RDV de consultations : non programmés, non honorés ; résultats non transmis. 

– Absence de suivi des consignes médicales ou paramédicales pour les soins ou les examens, pouvant amener à la non prise en charge d’une pathologie diagnostiquée.

– Echappement aux dispositifs de Santé Publique : dépistages des cancers, vaccinations.

• Risque d’arrêt des traitements :  Risque plus spécifique. Concerne les traitements psychiatriques et à visée somatique ; du fait :

– de son état somatique,

– de son état psychique (l’angoisse et l’insomnie désorganisent les prises),

– de mauvaise observance comme pour toute pathologie chronique,

– des effets secondaires, souvent non rapportés spontanément ; à rechercher systématiquement.

QUELLES SONT LES DIFFICULTÉS DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ ?
LE REPÉRAGE DU HANDICAP PSYCHIQUE N’EST PAS ÉVIDENT
Le handicap psychique est un handicap invisible. Il est parfois peu décelable même pour des professionnels de santé.
Le manque d’autonomie n’est pas visible et surtout peu dicible.
La personne ne parle pas de ses troubles psychiatriques (crainte de la stigmatisation, vécu de honte).

LE RAPPORT DE LA PERSONNE À LA SANTÉ ET AUX SOINS EST DOMINÉ PAR LA PEUR

• Difficultés à se confier sur ses peurs liées à la santé, aux examens ou aux soins.
Craintes ou indifférence inadaptées.
LE DIAGNOSTIC DES PATHOLOGIES SOMATIQUES EST COMPLEXE

Tendance à se focaliser sur la pathologie psychiatrique.

– plainte à tort associée aux traitements psychotropes ou à la pathologie psychiatrique,

– interprétations des signes cliniques lors d’un délire, d’une hypochondrie majeure, d’une mélancolie…

Repérage parfois peu évident d’un problème de santé car la personne peut présenter :

– un déni des symptômes ou une indifférence,

– des difficultés à exprimer sa plainte avec parfois une présentation déroutante,

– une expression atypique ou une sensibilité modifiée à la douleur physique.

NE PAS PENSER TOUT SOMATIQUE OU TOUT PSYCHIATRIQUE !

Tenir compte du ressenti et des propos de l’entourage, des soins somatiques comme avec toute personne…

COMMENT ACCOMPAGNER AUX SOINS SOMATIQUES ?
LA RELATION : UNE ALLIÉE INDISPENSABLE
Instaurer un climat de confiance et de bienveillance

• Première consultation :

Accorder une attention particulière à la relation car l’évaluation clinique peut s’avérer complexe :

– L’entretien est parfois peu évident.

– Une alliance efficace est souvent longue à établir, plusieurs entretiens sont souvent nécessaires.

– Le tiers / aidant / personne de confiance est un allié important.

• Tout au long du parcours de soins :

– Ne pas laisser la personne seule face à la maladie et face aux soins.

– Penser à la resolliciter pour la poursuite des soins, au besoin par des RDV téléphoniques.

– Ne pas écarter l’aidant de la consultation s’il accompagne le patient ; s’adresser directement au patient.nsu

L’INFORMATION, LES EXPLICATIONS SUR LES SOINS ET LES TRAITEMENTS : ADAPTÉES À LA PERSONNE

Donner des explications claires, réalistes et rassurantes sur : 

– la maladie et les soins nécessaires, leur intérêt

– les modalités des examens, soins de dépistage

• Décrire le parcours de soins
• Tenter de recueillir son consentement même si le contact apparait étrange ou distant.

Bien expliquer chaque traitement (médicaments, kiné ou pansements, port des attelles etc.) pour éviter la rupture thérapeutique  favorisée par le manque d’informations :

– effets et bénéfices attendus, et dans quel délai,

– intérêt du respect de l’horaire et de la régularité du traitement,

– potentiels d’effets secondaires, notamment sédation et insomnie,

– risques de surpoids et syndrome métabolique,

– risques si non-observance ou arrêt précoce du traitement.

Proposer, inciter à se faire accompagner pour ses examens, ses soins paramédicaux ou médicaux, y compris lors d’hospitalisation, toutes situations stressantes pour la personne.

LA COORDINATION DES SOINS : DES TEMPS INDISPENSABLES
Nécessité fréquente de soins en équipe pluridisciplinaire

• Communiquer entre professionnels de santé pour un meilleur accueil, un meilleur parcours de soin et une prise en charge efficace de la personne.

• Partager les informations : médicales mais aussi sociales et relationnelles.

PRENDRE LE TEMPS DE CONNAÎTRE LA PERSONNE, SES DIFFICULTÉS ET SES PROJETS,

Oser aborder la vie quotidienne  avec la personne : sommeil, activité physique, alimentation, vie sociale et

sexuelle. 

Avoir une idée de l’entourage  de la personne.

S’intéresser à la personne, à ses capacités/difficultés à se mobiliser pour agir selon ses souhaits/projets dans les différents domaines de sa vie ( vie administrative, finances, logement, vie sociale et professionnelle, activités, famille).
S’APPUYER SUR LES PERSONNES RESSOURCES

La personne ressource incite, accompagne la personne dans son parcours de soins somatiques.

Elle pallie aux difficultés de la personne : organisation, rappels des RDV, stimulations, répétitions des consignes, parfois aide physique. Leur relation privilégiée amènera la personne vers les soins

Ce tiers précieux pour les soins peut être : psychiatre, assistant social, éducateur, curateur, proches et pairs aidants.

Même apparemment autonome, toute personne avec handicap psychique a besoin d’un accompagnement.

Soutenue, entourée, aidée , la personne devient actrice de ses soins, s’engage durablement dans les soins de façon effective ; sa qualité de vie est améliorée.

CLÉS POUR UNE PREMIÈRE CONSULTATION

Je ne fais pas attendre la personne pour un  examen (anxiété++).

Je fixe le rendez-vous plutôt les après midi.

Je répète les consignes et informations de façon positive.

J’informe la personne sur les soins à venir, la prévention en santé ; je l’incite à les suivre.

Je propose un suivi rapproché : rdv téléphoniques, rdv de suivi du parcours de soin.

Je propose une aide logistique, un découpage des actions ( plan d’action).

Je suggère une visite à domicile de la personne : très informative, elle favorise l’alliance
thérapeutique.

J’aide la personne à trouver de l’aide auprès de son entourage (ou des soignants).

QUELS PARTENAIRES UTILES PEUT-ON SOLLICITER EN AMBULATOIRE ?
En cas de difficultés d’adhésion ou d’observance :

• Proposer et organiser le passage d’une Infirmière à domicile : prise de traitement, prise de sang à domicile.

• Contacter et s’appuyer sur l’aidant déjà identifié et /ou les soignants impliqués dans le suivi.

Solliciter une orientation MDPH vers un SAVS (Service d’Aide à la Vie Sociale ) ou un SAMSAH (Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés).

Solliciter un CSAPA (Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie).

Contacter les professionnels du soins psychiques : CMP (centre médico-psychologique), Hôpital de jour, psychiatre ou une équipe mobile.

Il existe aussi des services facilitant l’accès aux soins dans les centres hospitaliers – contacter le Centre ressource Handicap Psychique Régional (CREHPSY).

POUR EN SAVOIR PLUS

DOCUMENTATION

J. Bajcar et D. Leslie, « Task analysis of patients medication-taking practice and the role of making sens, a grounded theory study », Res Social Adm Pharm, vol. 2, no 1, 2006, p. 59-82

Guide d’appui pour l’élaboration de réponses aux besoins des personnes vivant avec des troubles psychiques, à destination des MDPH – CNSA, Avril 2017. Consulter
Guide qualité de vie, handicap, troubles somatiques et douleur – HAS, Mai 2017 Consulter
Guide d’amélioration des pratiques professionnelles : Accueil, accompagnement et organisation des soins en établissement de santé pour les personnes en situation de handicap – HAS, Juil 2017. Consulter

Recommandations de bonnes pratiques professionnelles : Spécificités de l’accompagnement des adultes handicapés psychiques, ANESM, Dec. 2015. Consulter

Recommandation de bonne pratique : Comment améliorer la prise en charge somatique des patients ayant une pathologie psychiatrique sévère et chronique – HAS-FFP.CNPP, Juin 2015
Consulter

Personnes handicapées Recommandation de bonnes pratiques « l’accompagnement à la santé de la personne handicapée », Guide ANSM juin 2013. Consulter

Recommandations de bonne pratique en santé mentale – HAS programme 2018 -2023. Consulter

LIENS UTILES

Pour se former : sensibilisation en santé mentale 2 jours de formation « premiers secours en santé mentale », https://pssmfrance.fr/
Psycom.org : site d’informations, annuaires, sur la Santé Mentale.
http://www.crehpsy-pl.fr Centre ressources régional dédié au handicap psychique.
Santé Mentale France https://santementalefrance.fr/
CSAPA Consulter et annuaire pour les trouver Consulter

HandiConnect.fr :

 Handicap psychique : points de vigilance somatique Consulter

 Handicap psychique et Syndrome métabolique  Consulter

 Les violences faites aux personnes en situation de handicap – focus sur les violences
conjugales et les violences sexuelles Consulter

 Suivi gynécologique Consulter

 Suivi bucco-dentaire Consulter

SanteBD.org pour expliquer la santé avec des dessins et des mots simples : http://santebd.org/ (Fiches alcool, tabac, Activité Physique Adaptée (APA), alimentation, gynécologie, dentaire, dépistage cancer…)
ASSOCIATIONS PATIENTS/FAMILLES
L’ Union Nationale de Familles et Amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques(UNAFAM) https://www.unafam.org/
L’ Association Francophone des Médiateurs de Santé-Pairs (AFSMP) https://www.afmsp.fr/

Contributeurs

Cette fiche a été co-construite et validée par le groupe de travail « handicap psychique » dont les membres sont :
Matthias Broucqsault (Fondation de l’OEuvre Falret), Dr Astrid Chevance (Fondation Deniker), Pr Emmanuelle Corruble (Hôpital Kremlin Bicêtre), Dr Michel Delcey (Société Française Consultations Dédiées Handicap –SOFCODH), Dr Anne Gross (cabinet de psychiatrie en libéral), Sophie Deloffre (Centre Ressources Handicap Psychique -CREHPSY Pays de la Loire), Dr Nabil Hallouche (Association Nationale pour la Promotion des Soins en Santé Mentale –ANP3SM), Dr Denis Leguay (Santé Mentale France), Dr Cédric Lemogne (Hôpital Européen George Pompidou), Philippe Maugiron (Association Francophone des Médiateurs de Santé-Pairs – AFMSP), Anne Plantade (études en santé Publique), Elisa Pontillon (Service d’Accompagnement à la Vie Sociale – SAVS Falret), Marie-Jeanne Richard (Union Nationale de Familles et Amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques – UNAFAM), Dr Djéa Saravane, (SOFCODH, Handidactique), Dr Jocelyne Viateau (UNAFAM), Bérénice Staedel (Centre Collaborateur de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la recherche et la formation en santé mentale_ CCOMS Lille).

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Sa réalisation et sa mise en ligne en accès libre ont été rendues possibles grâce aux soutiens de la CNSA, de l’Assurance-Maladie et des Agences Régionales de Santé.

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