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N°H20 – Tous professionnels de santé
HANDICAP PSYCHIQUE :
ACCOMPAGNER AUX SOINS SOMATIQUES
Les personnes en situation de handicap psychique ont tendance à abandonner les démarches de soins, par découragement face aux efforts répétés pour agir, du fait de difficultés à rechercher des informations ou à faire face à une action nouvelle ou vécue comme compliquée ; sans avoir la perception du besoin d’une aide extérieure. Les impacts sont multiples, fluctuants.

Les difficultés à se mobiliser de façon persistante pour se soigner et à exprimer ses difficultés majorent le risque de rupture du parcours de soin
• Mauvaise gestion administrative Assurance Maladie, mutuelle ; Dossiers MDPH…
• Risque de rupture du parcours de soins.
– Examens biologiques, radiologiques, RDV de consultations : non programmés, non honorés ; résultats non transmis.
– Absence de suivi des consignes médicales ou paramédicales pour les soins ou les examens, pouvant amener à la non prise en charge d’une pathologie diagnostiquée.
– Echappement aux dispositifs de Santé Publique : dépistages des cancers, vaccinations.
• Risque d’arrêt des traitements : Risque plus spécifique. Concerne les traitements psychiatriques et à visée somatique ; du fait :
– de son état somatique,
– de son état psychique (l’angoisse et l’insomnie désorganisent les prises),
– de mauvaise observance comme pour toute pathologie chronique,
– des effets secondaires, souvent non rapportés spontanément ; à rechercher systématiquement.
LE RAPPORT DE LA PERSONNE À LA SANTÉ ET AUX SOINS EST DOMINÉ PAR LA PEUR
• Tendance à se focaliser sur la pathologie psychiatrique.
– plainte à tort associée aux traitements psychotropes ou à la pathologie psychiatrique,
– interprétations des signes cliniques lors d’un délire, d’une hypochondrie majeure, d’une mélancolie…
• Repérage parfois peu évident d’un problème de santé car la personne peut présenter :
– un déni des symptômes ou une indifférence,
– des difficultés à exprimer sa plainte avec parfois une présentation déroutante,
– une expression atypique ou une sensibilité modifiée à la douleur physique.

Tenir compte du ressenti et des propos de l’entourage, des soins somatiques comme avec toute personne…
• Première consultation :
Accorder une attention particulière à la relation car l’évaluation clinique peut s’avérer complexe :
– L’entretien est parfois peu évident.
– Une alliance efficace est souvent longue à établir, plusieurs entretiens sont souvent nécessaires.
– Le tiers / aidant / personne de confiance est un allié important.
• Tout au long du parcours de soins :
– Ne pas laisser la personne seule face à la maladie et face aux soins.
– Penser à la resolliciter pour la poursuite des soins, au besoin par des RDV téléphoniques.
– Ne pas écarter l’aidant de la consultation s’il accompagne le patient ; s’adresser directement au patient.nsu
L’INFORMATION, LES EXPLICATIONS SUR LES SOINS ET LES TRAITEMENTS : ADAPTÉES À LA PERSONNE
• Donner des explications claires, réalistes et rassurantes sur :
– la maladie et les soins nécessaires, leur intérêt
– les modalités des examens, soins de dépistage
• Bien expliquer chaque traitement (médicaments, kiné ou pansements, port des attelles etc.) pour éviter la rupture thérapeutique favorisée par le manque d’informations :
– effets et bénéfices attendus, et dans quel délai,
– intérêt du respect de l’horaire et de la régularité du traitement,
– potentiels d’effets secondaires, notamment sédation et insomnie,
– risques de surpoids et syndrome métabolique,
– risques si non-observance ou arrêt précoce du traitement.
• Proposer, inciter à se faire accompagner pour ses examens, ses soins paramédicaux ou médicaux, y compris lors d’hospitalisation, toutes situations stressantes pour la personne.
• Communiquer entre professionnels de santé pour un meilleur accueil, un meilleur parcours de soin et une prise en charge efficace de la personne.
• Partager les informations : médicales mais aussi sociales et relationnelles.
PRENDRE LE TEMPS DE CONNAÎTRE LA PERSONNE, SES DIFFICULTÉS ET SES PROJETS,
• Oser aborder la vie quotidienne avec la personne : sommeil, activité physique, alimentation, vie sociale et
sexuelle.
• Avoir une idée de l’entourage de la personne.
• La personne ressource incite, accompagne la personne dans son parcours de soins somatiques.
Elle pallie aux difficultés de la personne : organisation, rappels des RDV, stimulations, répétitions des consignes, parfois aide physique. Leur relation privilégiée amènera la personne vers les soins

Même apparemment autonome, toute personne avec handicap psychique a besoin d’un accompagnement.
Soutenue, entourée, aidée , la personne devient actrice de ses soins, s’engage durablement dans les soins de façon effective ; sa qualité de vie est améliorée.

• Je ne fais pas attendre la personne pour un examen (anxiété++).
• Je répète les consignes et informations de façon positive.
• J’informe la personne sur les soins à venir, la prévention en santé ; je l’incite à les suivre.
• Je propose un suivi rapproché : rdv téléphoniques, rdv de suivi du parcours de soin.
• Je propose une aide logistique, un découpage des actions ( plan d’action).
• Je suggère une visite à domicile de la personne : très informative, elle favorise l’alliance
thérapeutique.
• J’aide la personne à trouver de l’aide auprès de son entourage (ou des soignants).
• Proposer et organiser le passage d’une Infirmière à domicile : prise de traitement, prise de sang à domicile.
• Contacter et s’appuyer sur l’aidant déjà identifié et /ou les soignants impliqués dans le suivi.
• Solliciter une orientation MDPH vers un SAVS (Service d’Aide à la Vie Sociale ) ou un SAMSAH (Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés).
• Solliciter un CSAPA (Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie).
• Contacter les professionnels du soins psychiques : CMP (centre médico-psychologique), Hôpital de jour, psychiatre ou une équipe mobile.
• Il existe aussi des services facilitant l’accès aux soins dans les centres hospitaliers – contacter le Centre ressource Handicap Psychique Régional (CREHPSY).

POUR EN SAVOIR PLUS
• J. Bajcar et D. Leslie, « Task analysis of patients medication-taking practice and the role of making sens, a grounded theory study », Res Social Adm Pharm, vol. 2, no 1, 2006, p. 59-82
• Recommandations de bonnes pratiques professionnelles : Spécificités de l’accompagnement des adultes handicapés psychiques, ANESM, Dec. 2015. Consulter
• Recommandation de bonne pratique : Comment améliorer la prise en charge somatique des patients ayant une pathologie psychiatrique sévère et chronique – HAS-FFP.CNPP, Juin 2015
Consulter
• Personnes handicapées Recommandation de bonnes pratiques « l’accompagnement à la santé de la personne handicapée », Guide ANSM juin 2013. Consulter
• Recommandations de bonne pratique en santé mentale – HAS programme 2018 -2023. Consulter
LIENS UTILES
• HandiConnect.fr :
– Handicap psychique : points de vigilance somatique Consulter
– Handicap psychique et Syndrome métabolique Consulter
– Les violences faites aux personnes en situation de handicap – focus sur les violences
conjugales et les violences sexuelles Consulter
– Suivi gynécologique Consulter
– Suivi bucco-dentaire Consulter
Contributeurs
Cette fiche a été co-construite et validée par le groupe de travail « handicap psychique » dont les membres sont :
Matthias Broucqsault (Fondation de l’OEuvre Falret), Dr Astrid Chevance (Fondation Deniker), Pr Emmanuelle Corruble (Hôpital Kremlin Bicêtre), Dr Michel Delcey (Société Française Consultations Dédiées Handicap –SOFCODH), Dr Anne Gross (cabinet de psychiatrie en libéral), Sophie Deloffre (Centre Ressources Handicap Psychique -CREHPSY Pays de la Loire), Dr Nabil Hallouche (Association Nationale pour la Promotion des Soins en Santé Mentale –ANP3SM), Dr Denis Leguay (Santé Mentale France), Dr Cédric Lemogne (Hôpital Européen George Pompidou), Philippe Maugiron (Association Francophone des Médiateurs de Santé-Pairs – AFMSP), Anne Plantade (études en santé Publique), Elisa Pontillon (Service d’Accompagnement à la Vie Sociale – SAVS Falret), Marie-Jeanne Richard (Union Nationale de Familles et Amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques – UNAFAM), Dr Djéa Saravane, (SOFCODH, Handidactique), Dr Jocelyne Viateau (UNAFAM), Bérénice Staedel (Centre Collaborateur de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la recherche et la formation en santé mentale_ CCOMS Lille).
Mentions légales
Sa réalisation et sa mise en ligne en accès libre ont été rendues possibles grâce aux soutiens de la CNSA, de l’Assurance-Maladie et des Agences Régionales de Santé.
HandiConnect est un projet porté par l’association CoActis Santé et ses partenaires. Tous droits de reproduction, de représentation et de modification réservés sur tout support dans le monde entier. Toute utilisation à des fins autres qu’éducative et informative et toute exploitation commerciale sont interdites. ©CoActis Santé
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