N°H20 – Repères pour le suivi médical global – Handicap Psychique – Tous professionnels de santé

Handicap psychique : accompagner aux soins somatiques

Version : octobre 2023
Ce contenu vous est proposé par l’association Coactis Santé
dans le cadre du site ressources :
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Les sujets abordés dans cette fiche:

  • Quels sont les facteurs de vulnérabilité liés au handicap psychique ?
  • Quels sont les impacts du handicap psychique sur le parcours de soins ?
  • Comment accompagner aux soins somatiques ?
  • Quelles sont les clés pour une première consultation ?
  • Quels partenaires utiles soliciter en ambulatoire ?
Le handicap psychique, c’est la limitation de la participation d’une personne à la vie sociale du fait de troubles psychiques qui perdurent et entraînent une gêne dans son quotidien, des souffrances et/ou des troubles comportementaux. Ces troubles sont variables, évolutifs et sensibles au contexte.

Peut entraîner une altération des capacités cognitives (concentration, compréhension, mémoire, cognition sociale…), mais n’affecte pas les facultés intellectuelles.

Le handicap psychique

On retrouve fréquemment :
  • Situation d’isolement et de repli social, de précarité
  • Tendance à l’auto-stigmatisation : auto-dévalorisation, mauvaise estime de soi et honte ; crainte du jugement d’autrui
  • Troubles du rythme nycthéméral fréquents
  • Difficultés d’initiation et manque d’énergie pour agir
  • Manque de motivation et d’intérêt
  • Difficulté à percevoir et évaluer ses besoins pour sa santé physique, et donc un moindre recours au système de soins, et aux aides extérieures
  • Troubles cognitifs souvent associés :
    • troubles de l’attention et de la concentration entrainant des difficultés de mémorisation,
    • difficultés de planification et d’organisation pour exécuter une tâche,
    • manque de persévérance et fatigabilité cognitive.
Ces facteurs de vulnérabilité sont des tendances, non des constantes.
Ils sont variables en intensité, fréquence, durée, d’une personne à l’autre.

Quel impact sur le parcours de soin ?

Les personnes en situation de handicap psychique ont tendance à abandonner les démarches de soins, par découragement face aux efforts répétés pour agir, du fait de difficultés à rechercher des informations ou à faire face à une action nouvelle ou vécue comme compliquée ; sans avoir la perception du besoin d’une aide extérieure. Les impacts sont multiples, fluctuants, c’est pourquoi il est essentiel de promouvoir un accès équitable et adapté aux soins.
Les difficultés à se mobiliser de façon persistante pour se soigner et à exprimer ses difficultés majorent le risque de rupture du parcours de soin.
  • Difficulté dans la gestion administrative : Assurance Maladie, mutuelle ; Dossiers MDPH…
  • Risque de rupture du parcours de soins :
    • Examens biologiques, radiologiques, RDV de consultations : non programmés, non honorés ; résultats non transmis.
    • Difficultés de compréhension ou absence de suivi des consignes médicales ou paramédicales pour les soins ou les examens, pouvant amener à la non prise en charge d’une pathologie diagnostiquée.
    • Échappement aux dispositifs de Santé Publique : dépistages des cancers, vaccinations, suivi gynécologique régulier.
  • Risque d’arrêt des traitements : plus spécifique, il concerne aussi bien les traitements psychiatriques que somatiques, et il est lié:
    • à l’état somatique,
    • à l’état psychique (l’angoisse et l’insomnie désorganisent les prises),
    • à une mauvaise observance comme dans toute pathologie chronique,
    • des effets secondaires, souvent non rapportés spontanément ; à rechercher systématiquement.

Quelles sont les difficultés des professionnels de santé ?

Le repérage du handicap psychique n’est pas évident

  • Le handicap psychique est un handicap invisible. Il est parfois peu décelable même pour des professionnels de santé.
  • Le manque d’autonomie n’est pas visible et surtout peu dicible.
  • La personne ne parle pas de ses troubles psychiatriques (crainte de la stigmatisation, vécu de honte, banalisation ou minimisation de ses difficultés devant autrui).

Le rapport de la personne à la santé et aux soins est dominé par la peur

  • Difficultés à se confier sur les peurs liées à sa santé, aux examens ou aux soins.
  • Craintes ou indifférence inadaptées.

Le diagnostic des pathologies somatiques est complexe

  • Tendance à se focaliser sur la pathologie psychiatrique :
    • le symptôme est associé à tort aux traitements psychotropes ou à la pathologie psychiatrique,
    • la plainte est d’ordre délirant (hypochondries majeures, mélancolies).
  • Repérage parfois peu évident d’un problème de santé car la personne peut présenter :
    • un déni des symptômes ou une indifférence,
    • des difficultés à exprimer sa plainte avec parfois une présentation déroutante,
    • une expression atypique de la douleur, avec nécessité d’utiliser des échelles d’évaluation de la douleur qui soient adaptées.

Ne pas penser tout somatique ou tout psychiatrique !

Tenir compte du ressenti et des propos de l’entourage, des soins somatiques comme avec toute personne…

Comment accompagner aux soins somatiques ?

La relation : une alliée indispensable

Instaurer un climat de confiance et de bienveillance

  • Première consultation : Accorder une attention particulière à la relation car l’évaluation clinique peut s’avérer complexe :
    • L’entretien est parfois peu évident car les symptômes peuvent être difficiles à exprimer.
    • Une alliance efficace est souvent longue à établir, plusieurs entretiens sont généralement nécessaires.
    • Le tiers / aidant / personne de confiance est un allié important.
  • Tout au long du parcours de soins :
    • Encourager la personne à ne pas dépendre de la psychiatrie pour tout le parcours de soin, et à se tourner vers un médecin traitant de ville pour les soins courants,
    • Penser à la resolliciter pour la poursuite des soins (au besoin rappel des RDV, possibles RDV téléphoniques),
    • Quand l’aidant est présent, ne pas l’écarter de la consultation (après avoir sollicité l’accord du patient), et s’adresser directement au patient.

L’information, les explications sur les soins et les traitements : adaptées à la personne

  • Donner des explications claires, réalistes et rassurantes sur :
    • la maladie et les soins nécessaires, leur intérêt
    • les modalités de réalisation des examens pour le diagnostic et le dépistage
  • Décrire le parcours de soins

    L’éducation thérapeutique du patient (ETP) peut aider à renforcer la connaissance et la maîtrise des enjeux liés à sa santé physique, et à comprendre les missions du médecin généraliste, complémentaires de celles de la psychiatrie dans le parcours de soins.

  • Recueillir son consentement même si le contact apparait étrange ou distant.
  • Bien expliquer chaque traitement (médicaments, pansements, kinésithérapie, mise en place des attelles, etc.) pour éviter la rupture thérapeutique favorisée par le manque d’informations :
    • effets et bénéfices attendus, et sous quel délai,
    • intérêt du respect de l’horaire et de la régularité de prise du traitement,
    • explication des principaux effets secondaires, notamment sédation et insomnie,
    • risques de surpoids et syndrome métabolique,
    • risques en cas de non-observance ou d’arrêt précoce du traitement.
  • Proposer, inciter à se faire accompagner pour ses examens, ses soins paramédicaux ou médicaux, y compris lors d’hospitalisation, toutes situations stressantes pour la personne.

La coordination des soins : des temps indispensables

Nécessité fréquente de soins en équipe pluriprofessionnelle
  • Communiquer entre professionnels de santé pour un meilleur accueil, un meilleur parcours de soin et une prise en charge de la personne efficace et adaptée.
  • Partager les informations : médicales mais aussi sociales
    • avec l’accord de l’intéressé/é
    • facilité par le déploiement du Dossier Médical Partagé (DMP)

Prendre le temps de connaître la personne, ses difficultés et ses projets, quelle que soit sa présentation

  • Oser aborder la vie quotidienne avec la personne : sommeil, activité physique, alimentation, vie sociale et sexuelle. Le quotidien renseigne sur les difficultés et permet d’adapter les stratégies de soins.
  • Comprendre le contexte social et familial de la personne, l’entourage étant un soutien essentiel pour une prise en soin globale.
  • S’intéresser à la personne, à ses capacités/difficultés à se mobiliser pour agir selon ses souhaits/projets dans les différents domaines de sa vie (vie administrative, finances, logement, vie sociale et professionnelle, activités, famille).

S’appuyer sur les personnes ressources

  • La personne ressource incite, accompagne la personne dans son parcours de soins somatiques. Elle pallie les difficultés de la personne : organisation, rappels des RDV, stimulations, répétitions des consignes, parfois aide physique. Leur relation privilégiée encouragera la personne à s’engager plus activement dans son parcours de soin.
  • Ce tiers précieux pour les soins peut être : psychiatre, assistant social, éducateur, curateur, proches et pairs aidants…
Même apparemment autonome, toute personne avec handicap psychique a besoin d’un accompagnement.

Soutenue, entourée, aidée , la personne devient actrice de ses soins, s’engage durablement dans les soins de façon effective ; sa qualité de vie est améliorée.

Clés pour une première consultation

  • Je ne fais pas attendre la personne pour un examen (anxiété++).
  • Je fixe le rendez-vous plutôt les après midi.
  • Je répète les consignes et informations de façon positive.
  • J’informe la personne sur les soins à venir, la prévention en santé ; je l’incite à les suivre. si nécessaire, je propose un programme d’habituation aux soins (voir fiche HandiConnect F10 : l’habituation aux soins de la personne handicapée), ou autres moyens d’anxiolyse et/ou d’antalgie, médicamenteux (MEOPA…) ou non.
  • Je propose un suivi rapproché : rdv téléphoniques, rdv de suivi du parcours de soin.
  • Je propose une aide logistique, un découpage des actions (plan d’action).
  • Je suggère une visite à domicile de la personne : très informative, elle favorise l’alliance thérapeutique.
  • J’aide la personne à trouver de l’aide auprès de son entourage (ou des soignants).
  • Je lui parle du Dossier Médical Partagé (DMP).

Quels partenaires utiles peut-on solliciter en ambulatoire ?

En cas de difficultés d’adhésion ou d’observance :
  • Proposer et organiser le passage d’une Infirmière à domicile : prise de traitement, prise de sang à domicile.
  • Contacter et s’appuyer sur l’aidant déjà identifié et /ou les soignants impliqués dans le suivi.
  • Solliciter une orientation MDPH vers un SAVS (Service d’Aide à la Vie Sociale ) ou un SAMSAH (Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés).
  • Solliciter un CSAPA (Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) quand la situation le nécessite.
  • Contacter les professionnels du soins psychiques : CMP (centre médico-psychologique), Hôpital de jour, psychiatre ou une équipe mobile.
  • Il existe aussi des services facilitant l’accès aux soins dans les centres hospitaliers – contacter le Centre ressource Handicap Psychique Régional (CREHPSY).

Pour en savoir plus

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Première publication : juin 2021