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N°S7 – Tous professionnels de santé
LES VIOLENCES FAITES AUX PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP (ADULTES) : FOCUS SUR LES VIOLENCES CONJUGALES ET VIOLENCES SEXUELLES
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CONSTAT :
Les personnes en situation de handicap sont davantage victimes de violence et particulièrement les femmes.
La situation de handicap accroît le risque de violences.
• En Europe, 4 femmes en situation de handicap sur 5 subissent des violences et/ou maltraitances de tout type 1.
• Près de 90% des femmes avec un trouble du spectre de l’autisme déclarent avoir subi des violences sexuelles, dont 47% avant 14 ans 3.
• Peu d’études sur les violences faites aux hommes en situation de handicap 5.
LES VIOLENCES, DE QUOI PARLE-T-ON ?
VIOLENCES CONJUGALES =
À ne pas confondre avec les disputes ou conflits d’un couple (où deux points de vue s’opposent dans un rapport d’égalité).
• Rapport de domination et de prise de pouvoir de l’agresseur sur la victime (dominant/dominé et toujours dans le même sens).
Ces formes de violences sont multiples et le plus souvent se cumulent :
• Violences psychologiques : menaces, contrôle, pressions psychologiques, humiliations, dénigrements, harcèlement, manipulations, contraintes, utilisation de la situation de handicap (ex : confiscation par un tiers de la canne de déplacement d’une personne non voyante, dévalorisation de la personne du fait de son handicap « tu ne comprends jamais rien », « tu comprends ce qui t’arrange » à une personne sourde qui n’a pas accès à toutes les informations (discussion, communication téléphonique, entretien médical, etc…)).
• Violences sexuelles : viol, tentative de viol, agression sexuelle, atteinte sexuelle, voyeurisme, mutilation sexuelle, harcèlement sexuel, rites initiatiques humiliants…
• Violences physiques : atteintes à l’intégrité corporelle, violences avec ou contre des objets, (ex : gestes inadaptés au moment des soins).
Les violences concernent tous les âges, tous les milieux.
Il n’existe pas de portrait type de la victime ni de l’agresseur.
• POSER LA QUESTION DE MANIÈRE SYSTÉMATIQUE ET QUAND LA PERSONNE EST SEULE
– Avez-vous subi des violences dans l’enfance, au travail, dans votre couple ?
– Comment se comporte votre partenaire avec vous ?
– Comment cela se passe-t-il quand votre conjoint n’est pas d’accord avec vous ?
– Avez-vous peur de votre conjoint ?
– Comment ça se passe avec la personne qui vous aide ?
– Est-ce que vous avez subi des évènements qui vous ont fait mal et qui continuent à vous faire du mal aujourd’hui ?
– Est-ce qu’on vous a déjà fait mal à cet endroit ?
– Est-ce que vous avez eu peur de mourir ?
• Une situation émotionnelle incontrôlable, un stress extrême peuvent entraîner une « disjonction » du cerveau :
– une anesthésie psychique et physique/sidération : la personne peut être dans l’incapacité de parler, bouger. Elle est tétanisée, immobile, silencieuse.
– une dissociation : conscience altérée, impression d’être spectatrice d’elle-même.
– une mémoire traumatique : certaines scènes ou sensations négatives stockées dans la mémoire de la victime mais ne sont pas traitées et analysées par le cerveau.
• Trouble de stress post-traumatique : état d’hyper vigilance malgré l’absence de danger imminent, état dépressif avec risque de suicide, troubles du sommeil/cauchemars, troubles de l’attention et de la concentration, conduites addictives (médicament, alcool, drogues, tabac, psychotropes…) et ou des conduites à risques, comportements inadaptés et/ou disproportionnés envers les autres, déconnexion de ses émotions.
Les attitudes et discours de la victime peuvent déstabiliser le professionnel : confusion, banalisation ou minimisation des violences donnant l’impression d’avoir consenti à celles-ci, attitude semblant détachée des faits… Ce sont en réalité les conséquences des violences subies.
• Aspects non verbaux (gestes, regards, attitudes, pleurs, pâleurs, mimiques, changement de comportement soudain…).
• Les violences sont sévèrement punies par la loi (comme leur non-dénonciation)
et le handicap de la victime est une circonstance aggravante.
• Les symptômes post-traumatiques qui résultent des violences sont souvent mis à tort sur le compte du handicap.
• Il faut lutter contre les stéréotypes liés au handicap (parole moins crédible, pas de vie en couple….).
• Les conséquences de ces violences peuvent accentuer le handicap initial intensifiant encore la vulnérabilité.
• Certaines situations de dépendance peuvent constituer un frein à la libération de la
parole car dénoncer = prendre le risque pour la personne victime de perdre l’aide au
quotidien et de se retrouver dans une situation de vulnérabilité encore plus grande.
• En cas de danger imminent : mise à l’abri (police, hôpital ou autres sources d’hébergement), signalement au procureur (pour les violences conjugales, autorisation de lever du secret médical si danger immédiat et si la victime est sous l’emprise de son auteur > loi du 30 juillet 2020, cf. § Pour en savoir plus).
* CERTIFICAT MÉDICAL OU ATTESTATION :
COMMENT, PAR QUI ET POURQUOI ?
• Modèles et instructions pour le remplir : https://arretonslesviolences.gouv.fr/je-suis-professionnel/les-ecrits-professionnels, si photos d’éventuels traumatismes physiques,
les faire si possible avec le visage de la personne.
POUR EN SAVOIR PLUS
1 Résolution du Parlement Européen du 26 avril 2007 sur la situation des femmes
handicapées dans l’UE 2006/2277 (INI) consulter
2 Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne «violence against women an EUwide survey», 2014 consulter
5 Études et Résultats – DREES – Juillet 2020 consulter
• Association Femmes Sourdes Citoyennes et Solidaires consulter
• Centres ressources régionaux handicap « vie intime, affective, sexuelle et de soutien à
la parentalité appelés centres INTIM’AGIR.
• Centre ressources pour les professionnels de santé intervenant auprès d’auteurs de
violences sexuelles consulter
• Maison des Femmes de Paris (permanence physique avec des professionnels qui pratiquent en Langue des Signes Française), CASAVIA (Centre d’Accueil en Santé sexuelle et de lutte contre les violences à l’APHP site La Pitié Salpêtrière, Paris), Maison des Femmes de Saint Denis (93), Maison des Femmes de Bordeaux, Maison des Femmes à Marseille
– réagir peut tout changer (les démarches et +) : consulter
– Modules auto-formatif en ligne (e-learning) gratuit : Dépister, signaler et prévenir les violences sexuelles faites aux personnes handicapées consulter
– Suivi et soins gynécologiques des femmes en situation de handicap : cf. fiche HandiConnect « Quand passer le relais ? » consulter
– Les mesures de protections juridiques des majeurs vulnérables : cf. fiche HandiConnect consulter
– Intervention présidente AFFA Journée de sensibilisation des violences faites aux femmes du Réseau de Santé Périnatal Parisien (RSPP) consulter
• 3919 Violences Femmes Info : numéro d’écoute national destiné aux femmes victimes de violences et à leur entourage ainsi qu’aux professionnels concernés. Anonyme et gratuit, accessible via un interprète en LSF, par le relais téléphonique RogerVoice. Le 3919 n’est pas un numéro d’appel d’urgence.
• Fil santé jeunes (12 – 25 ans) : consulter
Contributeurs
Cette fiche a été coconstruite et validée par le groupe de travail HandiConnect « Lutte contre les violences » dont les membres sont : Marie Conrozier (chargée de mission, Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir), Pr Henry Coudane (professeur Emérite de Médecine légale et Droit de la santé CHRU Nancy), Pr Marc Dommergues (gynécologue-obstétricien, chef de service, hôpital La Pitié Salpétriêre-APHP), Nathalie GAM (sage-femme libérale), Delphine Giraud (sage-femme, service de gynécologie obstétrique Hôpital Pitié Salpêtrière, APHP), Dr Valérie Ledour (responsable santé sexuelle et reproductive PMI Paris), Frédérique Perrotte (sage-femme), Marie Rabatel (présidente de l’Association Francophone des Femmes Autistes), Florence Rollet (conseillère technique mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains -MIPROF).
Mentions légales
Sa réalisation et sa mise en ligne en accès libre ont été rendues possibles grâce aux soutiens de la CNSA, de l’Assurance Maladie et des Agences Régionales de Santé.
HandiConnect est un projet porté par l’association CoActis Santé et ses partenaires. Tous droits de reproduction, de représentation et de modification réservés sur tout support dans le monde entier. Toute utilisation à des fins autres qu’éducative et informative et toute exploitation commerciale sont interdites. ©CoActis Santé
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