N°F06 – Dénutrition – Polyhandicap – Tous professionnels de santé

Polyhandicap : diagnostic de la dénutrition

Version : juin 2022
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Les sujets abordés dans cette fiche:

  • Quels sont les critères définissant une dénutrition chez un enfant, un adulte polyhandicapés ?
  • Quelles sont les mesures cliniques simples qui renseignent sur l’état nutritionnel de la personne ?
  • Quels examens complémentaires pour aider au diagnostic de dénutrition ?
La dénutrition affecte environ 2/3 des enfants et des adultes polyhandicapés. Elle peut s’associer à une déshydratation.
Causes et conséquences s’entretiennent: c’est l’entrée dans des cercles vicieux.
La réduction de la qualité et de l’espérance de vie est corrélée à l’état nutritionnel.
Le diagnostic repose sur des données cliniques. La biologie et l’imagerie aident à confirmer la dénutrition et à surveiller son évolution.

Quels sont les signes d'alerte cliniques pour l'entourage ?

  • Des vêtements ou des appareillages devenus trop grands
  • Une fatigue inhabituelle, une somnolence
  • Un défaut de mémorisation et de concentration
  • Un désintérêt pour les activités courantes
  • Une perte des acquis cognitifs
  • Une diminution des capacités physiques
  • Une perte d’appétit
  • Une perte de poids
  • Un pli cutané, une peau ou une bouche sèches (signes de la déshydratation associée).

Évaluation de l'état nutritionnel

La clinique en pratique

Le poids

La cassure de la courbe de poids est le premier signe à apparaître lors de la dénutrition
Mesure mensuelle, hebdomadaire pour une personne fragile.
Mesurable sur un pèse personne si la station debout stable est acquise.

Chez le jeune enfant, on peut évaluer le poids de l’enfant : (poids de l’adulte + l’enfant dans ses bras) – poids de l’adulte seul.

En milieu spécialisé : peson fixé sur le lève-malade ou sur le lit-douche ; chaise pèse personne si la station assise stable est acquise ; plate-forme de pesée en déduisant le poids du fauteuil.
En cas d’impossibilité à mesurer le poids, celui-ci peut être évalué à partir de la mesure du périmètre brachial.

La taille

Chez l’enfant, apprécie la croissance; mesure difficile et approximative.
Mesure semestrielle.
Mesurable en position couchée avec une toise en l’absence de rétractions articulaires ou de scoliose.
Évaluation de la taille en cas de rétractions articulaires ou de scoliose :
  • Calcul à partir de la mesure talon-genou : Cette mesure peut se faire soit avec un mètre-ruban soit plus aisément avec une toise pour nourrisson. (voir « outils »)
  • Somme de la mesure des segments : méthode imprécise car les repères osseux sont difficiles à identifier. La reproductilité est médiocre.

L'Indice de Masse Corporelle (IMC)

(poids(kg)/ taille²(m)), peu fiable pour le diagnostic et le suivi thérapeutique.
L’IMC peut être faussement normal : réduction du poids et ralentissement de la croissance chez l’enfant; surestimation du poids du fait des oedèmes dans la dénutrition hypercatabolique.

Le pli cutané tricipital et le périmètre brachial

Mesure semestrielle ; à la partie médiane du bras non dominant.
Le périmètre brachial mesure à la fois l’os, le muscle et la graisse; il permet une approximation du poids (voir « outils ») : – 1cm de périmètre brachial équivaut à une perte de poids de – 2kg ; +1 cm <=> +2kg
L’épaisseur du pli cutané tricipital est le meilleur indicateur de l’état nutritionnel car il ne mesure que la masse graisseuse. La mesure s’effectue avec une pince adaptée.
Utilisation des courbes de croissance chez l’enfant :
Utilisation des courbes de croissance chez l’enfant : Sur les courbes de croissance du carnet de santé de l’enfant, le poids et la taille des enfants polyhandicapés se situent en deçà de 10% pour le poids et de – 1 ơ pour la taille dès que la mobilité est atteinte.
Des courbes de croissance spécifiques aux enfants polyhandicapés existent. Elles permettent de suivre l’évolution du poids qui est un bon indicateur de dénutrition chez ces enfants et de la taille qui est corrélée au capital osseux.

La biologie en pratique

Elle confirme le diagnostic clinique et permet le suivi de l’adaptation nutritonnelle (voir la fiche HandiConnect.fr F08  Polyhandicap : Comment corriger une dénutrition ? L’adaptation nutritionnelle).
La surveillance biologique est au minimum annuelle.
Elle comprend, en plus du bilan standard (ionogramme sanguin, protidémie, urée, créatinine, NFS plaquettes), le dosage des micronutriments (fer, calcium, phosphate), de la vitamine D, de l’albuminémie, de la pré- albuminémie.
Les taux d’albumine et de préalbumine peuvent être normaux et faussement rassurants. Leur diminution est signe d’une décompensation de la dénutrition.
Un syndrome inflammatoire est le témoin du stress métabolique d’une dénutrition sévère.

L'imagerie

L’Absorptiométrie Biphotonique (ou ostéotomodensitométrie).
Cet examen n’est pas de réalisation courante. Il mesure la densité osseuse, corrélée à l’état nutritionnel.

Un avis spécialisé est requis auprès d’un gastro-entérologue, d’un endocrinologue, d’un médecin MPR.

Critères de dénutrition

La présence d’au moins un des critères suivant fait évoquer une dénutrition :

Chez l'enfant

(critères de l’ESPGHAN – Société européenne de gastro-entérologie, hépatologie et nutrition pédiatrique)
  • Signes cliniques de dénutrition (escarres, troubles circulatoires périphériques)
  • Stagnation pondérale et/ ou ralentissement de la croissance staturale
  • Poids/âge <-2DS (soit <10%) sur la courbe de croissance non spécifique
  • Épaisseur du pli cutané tricipital < 10° percentile pour l’âge et le sexe
  • Circonférence brachiale < 10° percentile pour l’âge

Chez l'adulte

(Source : Association Ressources Polyhandicap Hauts de France)
  • IMC < 16 Kg/m2
  • Perte de 3 kg si IMC < 16 ou de 5 kg si IMC > 16
  • Amaigrissement de 5% par rapport au poids de référence
  • Circonférence brachiale < 22 cm si IMC < 16, ou < 25 cm si IMC > 16
  • Diminution des ingesta de moitié par rapport à la ration habituelle
  • Poids < 40 kg
  • Albumine < 35 g/l
  • Pré-Albumine < 0,18 g/l

Deux types de dénutrition, deux présentations cliniques et biologiques, deux pronostics

  • Le marasme ou dénutrition marasmique : limité à un amaigrissement avec ou sans diminution de la vitesse de croissance chez l’enfant. Par carence chronique d’apports.
  • La dénutrition hypercatabolique : avec oedème. De diagnostic plus difficile (IMC faussement rassurant). Stress métabolique biologique: hypoalbuminémie, syndrome inflammatoire. De moins bon pronostic du fait des complications notamment infectieuses.
Une bonne stratégie de prévention de la dénutrition passe par l’évaluation de manière systématique de l’état nutritionnel des personnes polyhandicapées. La correction et la prise en charge sont assurées par une équipe pluridisciplinaire.

Pour en savoir plus

Documentation

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Contributeurs

Cette fiche a été co-construite et validée par le groupe de travail HandiConnect.fr « Dénutrition chez la personne polyhandicapée » dont les membres sont :

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Première publication : juin 2021