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POLYHANDICAP : COMMENT CORRIGER UNE DÉNUTRITION ? L’ADAPTATION NUTRITIONNELLE
• La dénutrition touche environ 2/3 des personnes polyhandicapées ; elle peut s’associer à une déshydratation. Le plus souvent dans sa forme chronique : le marasme. À la faveur d’une augmentation des besoins ou d’une diminution des apports, cette dénutrition peut décompenser sous la forme d’une dénutrition hypercatabolique qui en fait toute la gravité. (voir fiches HandiConnect «F6: diagnostic de la dénutrition», «F7: facteurs favorisant la dénutrition»).
Les conséquences de la dénutrition augmentent les besoins nutritionnels: c’est un cercle vicieux.
La dénutrition dans l’enfance fait le lit de la dénutrition à l’âge adulte.
• Les soins nutritionnels sont réalisés par une équipe multidisciplinaire : parents et aidants, médecin, infirmier(ère), diététicien(ne), orthophoniste, kinésithérapeute, ergothérapeute, psychomotricien(ne), psychologue.
La voie orale est privilégiée, sauf contre-indication.
AVANT TOUTE MODIFICATION DE l’ALIMENTATION :
(cf fiche «F7 facteurs favorisants la dénutrition ») par :
• L’adaptation de la texture des aliments et des boissons , en fonction des capacités de mastication et de déglutition ; et leur(s) gout(s) et température en fonction du profil gustatif de la personne
• La cure d’ un mauvais état dentaire
• La vérification de l’installation, permettant un meilleur geste fonctionnel ou limitant la fatigue lors de la prise alimentaire
• La correction de la position de la tête en évitant l’hyperextension du cou (risque de fausses-routes, gêne à la déglutition)
• L’adaptation de la place de l’aidant par rapport à la personne
• Le choix de la taille des couverts, des aides techniques et du volume de la cuillerée
• Le dépistage et le traitement d’une éventuelle douleur
• La désorbstruction respiratoire et rhinopharyngée si besoin
En cas de refus alimentaire, d’hypersélectivité sur les goûts, la texture, la température, en cas de haut-le-coeur, de repas longs et difficiles : évoquer une dysoralité alimentaire qui fait partie d’un trouble global de la perception de l’unité corporelle. Orienter vers un spécialiste de l’oralité (orthophoniste, psychomotricien(ne), diététicien(ne), psychologue).
• Pièce calme, réduction des stimulations extérieures, positionnement dans la pièce
• Rituels de début et de fin de repas
• En cas de fatigabilité, la personne peut débuter seule son repas, l’aidant intervenant dès que le geste est plus lent
• Adaptation du temps imparti au repas à chaque individu
MODIFICATION DE L’ALIMENTATION :
La mesure la plus simple consiste à augmenter quantitativement et qualitativement les apports, sans augmenter le volume de l’assiette, sans forcer.
Le choix de la texture, des aliments et des boissons se fera après une évaluation
des capacités de mastication, déglutition, digestion, par l’ensemble de l’équipe pluridisciplinaire dont les parents et les aidants.
PRIVILÉGIER LES APPORTS CALORIQUES À L’ÉQUILIBRE ALIMENTAIRE,
• Respecter les goûts de la personne. Augmenter la qualité sensorielle des aliments (température, goût, texture, épices).
afin d’éviter les repas trop longs et/ou trop importants et les jeûnes prolongés, en ajoutant des collations aux trois repas principaux.
• Les CNO, au maximum 2 fois/j, sont à donner de préférence au moment des collations ou le soir en
dessert. (Pour 100ml : 150 à 200 Kcal, 4 à 10 g de protéines). Ils ne remplacent pas un repas.
EN L’ABSENCE D’AMÉLIORATION DE L’ÉTAT NUTRITIONNEL AU BOUT DE TROIS À SIX MOIS.
L’alimentation par l’intermédiaire d’une sonde naso-gastrique ne peut être que transitoire (4 mois). Elle peut être réalisée en situation d’urgence, face à une déshydratation ou une incapacité à nourrir la personne.
L’indication d’une alimentation entérale par gastronomie (GEP) résulte toujours d’une décision collégiale et consensuelle associant la personne polyhandicapée, ses parents ou représentant légal, son médecin traitant, les équipes de proximité et les spécialistes concernés. La décision peut être accompagnée par des parents-experts (voir «en savoir plus»).
Elle peut être transitoire et/ou prescrite en complément d’une alimentation orale.
Même quand l’alimentation entérale est exclusive, la bouche de la personne peut bénéficier de stimulations gustatives pour le plaisir. Proposer un atelier de stimulations gustatives à une personne nourrie exclusivement par GEP favorise sa digestion (sauf contre-indications à la prise orale). Les soins d’hygiène bucco-dentaire sont poursuivis (voir fiche HandiConnect S2 – « Suivi et soins bucco-dentaires » ).
POUR EN SAVOIR PLUS
• Diagnostic de la dénutrition chez une personne polyhandicapée. Consulter
• Facteurs favorisants la dénutrition chez l’enfant et l’adulte polyhandicapés. Consulter
• Les points de vigilance clinique associés au polyhandicap. Consulter
• Suivi et soins bucco-dentaires: fiche pour le médecin traitant. Consulter
Contributeurs
Cette fiche a été co-construite et validée par le groupe de travail HandiConnect « Dénutrition chez la personne polyhandicapée » dont les membres sont : Irène Benigni, diététicienne (APEI Douai, Centre Régional d’Études, d’Actions et d’Informations – CREAI hauts-de-France), Dr Thierry Rofidal (Comité d’Etudes, d’Education de Soins Auprès des Personnes Polyhandicapées – CESAP), Pr David Seguy (CHU Lille), Dr Alexandra Tino (APEI Douai), Dr Bénédicte Gendrault (CoActis Santé), Hélène Frenkiel-Lebossé (parent) et Catherine Kajpr (Association «la Vie par un fil»).
Mentions légales
Sa réalisation et sa mise en ligne en accès libre ont été rendues possibles grâce aux soutiens de l’Assurance Maladie, de la CNSA et des Agences Régionales de Santé.
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