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N°H45 – Tous professionnels de santé
COMMENT COMMUNIQUER AVEC
UNE PERSONNE SOURDE / MALENTENDANTE ?
L’alliance thérapeutique avec une personne sourde ou malentendante repose sur une communication accordée. Il est donc impératif de déterminer le plus tôt possible avec le patient, et éventuellement son entourage, comment il souhaite communiquer.
LES LANGUES ET MODES DE COMMUNICATIONS EXISTANTS
LE FRANÇAIS ET SES ADAPTATIONS
LA LANGUE ORALE :
Une personne sourde peut être oralisante.
LA LECTURE LABIALE :
• Identification des sons prononcés par observation des mouvements des lèvres et de la bouche d’une personne.
Ex : « chapeau » « chameau »
LA LANGUE FRANÇAISE PARLÉE COMPLÉTÉE (LfPC) :
• La LfPC améliore la compréhension de la lecture labiale.
• Chaque phonème est associé à une position de la main près du visage ou clé : cinq positions par rapport au visage pour les voyelles, huit configurations des doigts pour les consonnes.
• C’est une aide à la compréhension de la langue orale et un mode d’expression de la personne sourde.
LA DACTYLOLOGIE :
• Chaque lettre de l’alphabet est représentée par une position des doigts.
• Elle permet d’épeler les mots nouveaux ou les noms propres.
• L’acquisition de la lecture est un préalable à son utilisation.
LE FRANÇAIS SIGNÉ :
• Le Français Signé (FS) ajoute des signes à la syntaxe du français.
LA LANGUE DES SIGNES FRANÇAISE, LSF
LA LANGUE DES SIGNES FRANÇAISE, LSF :
• C’est une langue à part entière qui possède sa propre syntaxe, différente de celle du français.
• Les signes résultent de la combinaison de formes des mains, de leurs orientations, de leurs emplacements dans l’espace et de la direction du mouvement par rapport au corps.
• La LSF est une langue partagée par les personnes sourdes ou malentendantes et entendantes.
• L’utilisation de la LSF n’exclut pas la production vocale.
• Les langues des signes diffèrent selon les pays (langue des signes française, anglaise, américaine, etc.).
LES AIDES PROFESSIONNELS
• L’interprète français LSF : c’est un professionnel diplômé (Master II), lié à une déontologie stricte : fidélité, exhaustivité, neutralité. Il traduit tous les propos du français vers la LSF et inversement, et prête sa voix et ses mains aux interlocuteurs en disant « je ». La traduction est simultanée, les interlocuteurs parlent à vitesse normale. Lui seul garantit une traduction fiable.
• Le codeur LfPC : C’est un professionnel diplômé. Il reformule et code en temps réel les propos oraux de l’interlocuteur entendant. Le patient sourd s’exprime oralement. Les interlocuteurs parlent à vitesse normale.
• L’intermédiateur : Il existe certaines situations où la présence d’un interprète seul ne suffit pas. Il faudra alors faire appel à un intermédiateur, professionnel sourd, qui travaillera en binôme avec l’interprète pour que la compréhension mutuelle soit optimale. Son rôle est d’établir un pont entre le patient sourd et les professionnels de santé entendants.
• Tous les services publics (hôpitaux, PMI, lieux de soins…) ont l’obligation légale d’organiser et de financer la présence des interprètes ou des codeurs ((Cf. Loi « Handicap » de 2005), avec ou sans intermédiateur.
AVANT LA CONSULTATION
PENDANT LA PRISE DE RENDEZ-VOUS :
• Se renseigner sur les besoins du patient lors de la prise de rendez-vous : Peut-il percevoir la voix ? Quelle est sa langue préférentielle (français ou LSF) ? Quels moyens de communication souhaite-t-il (oral, lecture labiale, écrit, présence d’un codeur LfPC, présence d’un interprète LSF) ?
• Lors des prises de rendez-vous téléphoniques, proposer de passer par un Centre Relais Téléphonique (voir outils), qui propose un sous-titrage instantané des conversations, des interprétations français/LSF et du codage LfPC.
• Certains logiciels de prise de rendez-vous permettent aux patients d’informer le professionnel de santé d’un handicap auditif.
Quel que soit le cadre de la consultation, le temps de consultation risque d’être plus long. Proposer un double rendez-vous ou prévoir la consultation à la fin de la journée pour l’étendre si besoin.
PRÉPARER LA CONSULTATION MÉDICALE :
• Téléconsultation : utiliser des services d’accessibilité (voir outils).
> Vérifier que les bonnes conditions de consultations sont respectées
(cf.infra : Communication, comment s’y prendre ? »)
COMMUNICATION : COMMENT S’Y PRENDRE ?
SEUL LE PATIENT PEUT EXPLIQUER COMMENT IL SOUHAITE COMMUNIQUER
• Pour faciliter la lecture labiale, présenter son visage de face.
• Se placer en face à face (ne pas regarder son ordinateur ou autre).
• Le cas échéant, lui laisser, dans la mesure du possible, porter ses appareils auditifs, ainsi que ses lunettes pour garder le contact visuel.
• Parler distinctement, même si vous parlez plus fort.
• Ajouter des outils visuels à l’explication (faire des schémas, dessins ou voir «Outils à votre
disposition»).
• Toujours s’assurer de la bonne compréhension des explications données au patient en lui proposant de les reformuler (la question «Avez-vous compris ?» ne suffit pas à apprécier la compréhension).
S’adresser directement au patient même s’il est accompagné, notamment
d’un aidant, interprète ou codeur.
> Appareillé ou non, un patient sourd sera toujours gêné dans un environnement bruyant :
il faut éviter la gêne sonore pendant les consultations.
AU DÉBUT DE LA CONSULTATION
• Aller chercher le patient en salle de consultation (il n’entend pas lorsqu’on appelle son nom).
• S’il n’a pas été possible de connaître les besoins spécifiques du patient, le professionnel de santé peut lui poser la
question : « Est-ce que vous m’entendez quand je parle ? »
« OUI »
>> Votre patient vous comprend et parle le français oral : il peut converser avec vous sans trop de difficulté.
• Malgré la gêne occasionnée par la déficience auditive, la consultation est alors semblable à celle que vous avez avec un patient entendant.
• Attention cependant, certains patients n’oseront pas toujours vous dire qu’ils ne vous comprennent pas : ne pas hésiter à les faire reformuler.
« NON »
>> Tout en étant bien conscient de leurs limites, vous pouvez :
• Passer par la lecture labiale
• Utiliser des supports imagés (fiches SantéBD, médipicto…). Ne pas hésiter à faire des dessins, schémas pour illustrer vos propos.
• Passer à l’écrit. Attention ++ toutefois, le français écrit peut être source de malentendus notamment pour les personnes signantes.
• Si malgré tout, les difficultés persistent, prévoir un autre rendez-vous en prenant les mesures nécessaires pour remédier aux problèmes de communication avec un professionnel (demander à un accompagnant d’être présent, prévoir un interprète, un codeur LfPC, un intermédiateur…).
AVEC UN ENFANT
QUELQUES SPÉCIFICITÉS
• Le professionnel de santé s’adresse directement à l’enfant, avec un vocabulaire adapté à l’âge ; il est important que cet enfant se sente en confiance. Les parents sont associés à l’entretien : ils sont des partenaires précieux tant pour le praticien que pour l’enfant.
• Les modes de communication sont en émergence chez l’enfant : n’hésitez pas à recourir aux mimes, aux images et aux gestes.
• Lorsque les parents sont eux-mêmes sourds/malentendants, une médiation humaine (interprète LSF, intermédiateur) peut être nécessaire, notamment lors de la première consultation.
• Chaque examen ou soin est, si possible, expliqué, anticipé, réalisé dans son champ visuel. Le jeu est un médiateur appréciable. L’approbation de l’enfant, sa participation sont recherchées.
• L’enfant sourd peut avoir des craintes liées aux difficultés de perception , de compréhension de son environnement, ainsi que des limitations d’expression de ses besoins, de ses émotions. La présence rassurante d’un parent est d’autant plus nécessaire.
L’enfant reste l’interlocuteur privilégié du praticien tout le long de leur entrevue.
POUR EN SAVOIR PLUS
• Action Connaissance FOrmation pour la Surdité (ACFOS) consulter
• Fiches conseils HandiConnect Handicap Auditif (Définition, prévalence, dépistage, diagnostic et prévention…) consulter
• CRT (Centre Relais Téléphonique) : le patient peut le contacter pour disposer d’une interprétation relais gratuite dans la limite de 3 heures/mois (via l’application RogerVoice) consulter
• Médipicto, pictogrammes AP-HP, consulter
– Elioz, acceo-tadeo …
• SOS Surdus – Plateforme d’écoute et soutien à distance pour le public sourd – malentendant – devenu sourd consulter
• Traducmed, traduction LSF, consulter
• Union des Associations Nationales pour l’Inclusion des Malentendants Et Sourds (UNANIMES) : Union qui fédère de nombreuses associations consulter
• Fédération nationale des sourds de France (FNSF) consulter
• Surdifrance (ex-BUCODES), fédération des associations de personnes malentendantes et devenues sourdes consulter
Contributeurs
Cette fiche a été co-construite et validée par le groupe de travail HandiConnect « Surdité » dont les membres sont : Christel Carillo (psychologue, AP-HP, Hôpital Pitié-Salpêtrière), Agathe Coustaux (Fondation Pour l’Audition), Dr Laetitia Esman (généraliste, Unité d’accueil et de soins de sourds, CHU Purpan, Toulouse), Françoise Galiffet (assistante sociale, Unité d’Informations et de Soins des Sourds-UNISSAP-HP, Hôpital Pitié-Salpêtrière), Dr Vincent Gautier (urgentiste, Société Française de Santé en Langue des Signes), Dr Bénédicte Gendrault (pédiatre), Dr Alexis Karacostas (psychiatre, Société Française de Santé en Langue des Signes ), Dr Natalie Loundon (ORL pédiatrique, AP-HP, Hôpital Necker), Cédric Lorant (Unanimes – Union des A ssociations Nationales pour l’Inclusion des Malentendants et des Sourds), Dr Sandrine Marlin (génétique clinique, AP-HP, Hôpital Necker), Dr Isabelle Mosnier (ORL, AP-HP, Hôpital Pitié Salpêtrière), Arnaud Porte (Fondation Pour l’Audition), Caroline Rebichon (psychologue, AP-HP, Hôpital Necker), David Rousseff (Association François Giraud -AFG ), Antoine Sterckeman (intermédiateur, AP-HP, Hôpital Pitié Salpêtrière). Avec la relecture de Bénédicte André, cheffe de Service INFOSENS, Paris et du Dr Benoît Mongourdin (médecin généraliste, chef de service Unité Rhône Alpes d’Accueil et de Soins pour les Sourds au CHU de Grenoble)
Mentions légales
Sa réalisation et sa mise en ligne en accès libre ont été rendues possibles grâce aux soutiens de la CNSA et des Agences Régionales de Santé.
HandiConnect est un projet porté par l’association CoActis Santé et ses partenaires. Tous droits de reproduction, de représentation et de modification réservés sur tout support dans le monde entier. Toute utilisation à des fins autres qu’éducative et informative et toute exploitation commerciale sont interdites. ©CoActis Santé
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