La limitation de la participation d’une personne à la vie sociale du fait de pathologies psychiatriques qui perdurent et entraînent une gêne dans son quotidien, des souffrances et/ou des troubles comportementaux légers, moyens à sévères selon la pathologie. Les troubles psychiques sont variables, évolutifs et sensibles au contexte. Ils peuvent être amplifiés par une rupture de traitement ou par la prise de substances psychoactives.
Peut entraîner une diminution des capacités cognitives (concentration, compréhension, mémoire, cognition sociale…), mais n’affecte pas les facultés intellectuelles.
On peut évoquer un trouble psychique, quand on observe :
des difficultés relationnelles :
contact distant, fuyant, replié, indifférent, inapproprié ; la personne peut se sentir très menacée, sans lien avec le contexte
débit verbal rapide ou très lent avec des pauses, sans altération de la vigilance
réponses évasives, contradictions, incohérences
une agitation, un ralentissement moteur, voire une clinophilie
une attitude ou une présentation qui peut apparaitre étrange, décalée ou très angoissée, sans que la personne ne puisse expliquer ce qui lui arrive
des difficultés à prendre soin de soi et de son domicile (hygiène, alimentation…)
des difficultés à demander et à accepter de l’aide
des difficultés à faire face à une situation qui demande une action
Facteurs de vulnérabilité
Moindre recours aux soins :
situation fréquente d’isolement social
possible déni des symptômes ⇒ délais augmentés avant de solliciter soignants ou proches
Même accompagnée vers des soins, la personne peut montrer :
de la méfiance, jusqu’au refus de soin
de la méfiance ou une angoisse vis-à-vis des examens
un désintérêt ou une indifférence pour sa santé ou celle des autres,
ou une préoccupation permanente et démesurée pour sa santé
Risques de rupture de soins psychiatriques et d’arrêts de traitement
Présence de l'aidant souvent utile pour :
Améliorer l’alliance avec le patient, en le rassurant
Vous donner une information concrète et complète : état de base de la personne, antécédents (hospitalisations, diverses pathologies), traitements en cours, signes d’alerte en cas de rechute, éventuellement sous forme d’une fiche médicale
Vous expliquer comment le malade a pu accepter des soins auparavant dans ce même type de situation
Rappeler au patient de prendre ses constantes (surveillance Covid à domicile)
Aider à identifier les personnes ressources (dont la personne de confiance)
Handicap souvent invisible entraînant :
Une évaluation clinique compliquée par un entretien difficile, avec parfois une alliance longue à établir :
SAU ou cabinet « Covid » perçus comme hostiles : environnement de soins (bruits, lumières, promiscuité) + masques, sur-blouses, perturbant la relation. Cela induit beaucoup de stimulations difficiles à gérer chez un patient déprimé ou angoissé ou halluciné et peut générer une agitation.
L’agitation peut être une manifestation de stress intense
Fréquentes difficultés d’alimentation, de sommeil et comorbidités addictives
Absence de plainte (perturbation du schéma corporel, majoration du seuil douloureux et/ou difficulté à en parler)
Crainte du patient de la stigmatisation « psy » (ne dit pas qu’il est suivi et/ou qu’il prend un traitement)
Faible conscience de ses troubles psychiques par le patient (qu’il soit suivi ou pas)
En termes relationnels
Toujours s’adresser au patient d’abord et lui demander son autorisation pour échanger avec l’aidant.
Ne pas toucher la personne sans la prévenir, ni sans son autorisation
Ne pas forcer le contact (y compris visuel), prendre le temps nécessaire
Le temps passé à un entretien sollicitant l’adhésion est une nécessité qui permet d’éviter les écueils d’opposition aux soins et de réduire le stress :
décrire les étapes de préparation aux éventuelles investigations (scanner, prélèvement naso-pharyngé…), avec une information réaliste, mais rassurante et adaptée, sur leurs modalités
idem sur son parcours de soin (déplacements, transferts…)
expliquer l’habillage des soignants
tenter de recueillir son consentement même lorsque le contact apparait étrange ou distant
Demander au patient s’il a désigné une personne de confiance
Demander au patient s’il a des directives anticipées en psychiatrie
Des facteurs de risque de développer une forme grave de COVID ou d'augmenter la difficulté à bien soigner la COVID
Troubles métaboliques + fréquents (obésité x 3, diabète, maladies cardio-vasculaires) + risques cardiovasculaires majorés par possible clinophilie, en cas de décompensation psy + covid.
Comorbidités somatiques, comme la BPCO
Addictions (tabagisme très fréquent et souvent majeur, alcool, cannabis, …)
Traitements avec risque :
cardiaque : lithium, quasi tous neuroleptiques, certains antidépresseurs
hépatique : dépakote, dépamide
rénal : lithium
respiratoire central : benzodiazépines et apparentés (zolpidem, zopiclone)
digestif : constipation pouvant aboutir à une occlusion intestinale (neuroleptiques)
Un risque de décompensation lors de l'admission en service hospitalier
Repréciser l’anamnèse sur :
antécédents (ATCD) psychiatriques, addictions et les traitements pris avant l’hospitalisation
ATCD épisodes psy, avec ou sans hospitalisation
ATCD personnels de TS (Tentatives de Suicide) et de suicide familiaux
Si traitements psychiatriques interrompus en cas de prise en charge en réanimation, reprise dès que possible des traitements psychiatriques au long cours. Si certains traitements sont contre indiqués du fait de l’état de santé somatique, demander l’avis d’un psychiatre.
Dosage des psychotropes à adapter, lors d’une infection Covid. Avis psychiatrique nécessaire.
Cette fiche a été réalisée à la demande du secrétariat d’Etat auprès du Premier ministre chargé des Personnes handicapées et en lien avec la Délégation Ministérielle à la Santé Mentale et à la Psychiatrie. Les contributeurs sont :
Sophie Deloffre (Centre Ressources Handicap Psychique - CREHPSY Pays de la Loire)
Dr Anne Gross (cabinet de psychiatrie libéral)
Dr Nabil Hallouche (Association Nationale pour la Promotion des Soins en Santé Mentale – ANP3SM)
Dr Denis Leguay (Santé Mentale France)
Philippe Maugiron (Association Francophone des Médiateurs de Santé-Pairs – AFMSP)
Marie-Jeanne Richard (Union Nationale de Familles et Amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques – UNAFAM)
Dr Jocelyne Viateau (UNAFAM)
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