N°F03 – Douleurs – Tous handicaps – Tous professionnels de santé

Douleurs de la personne dyscommunicante: les repérer, les évaluer

Version : novembre 2022
Ce contenu vous est proposé par l’association Coactis Santé
dans le cadre du site ressources :
Logo HandiConnect.fr. Devenir acteur d'une santé accessible et inclusive.

Les sujets abordés dans cette fiche:

  • Quelles sont les personnes concernées ?
  • Comment les personnes dyscommunicantes expriment-elles leur douleur ?
  • Quels moyens pour l’évaluation de la douleur ?

Quelles sont les personnes concernées ?

Les personnes présentant un Handicap Psychique, un Trouble du développement intellectuel (TDI), un Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA), un Polyhandicap ont des difficultés à communiquer verbalement, à exprimer leurs ressentis, leurs besoins. Soit du fait d’un défaut de mobilisation des facultés intellectuelles, soit du fait d’une déficience de celles-ci.
Les personnes âgées démentes, les personnes en état végétatif ou aphasiques ont des manifestations de leurs douleurs, des prises en charge particulières et ne seront pas évoquées ici.

Comment les personnes dyscommunicantes expriment-elles leurs douleurs ?

L’incapacité de communiquer verbalement ne nie en aucune façon la possibilité qu’un individu éprouve de la douleur et qu’il a besoin d’un traitement approprié pour soulager sa douleur.

  • La perception de la douleur est toujours subjective, seul le sujet sait ce qu’il éprouve.
  • Pour qu’une personne, parent ou donneur de soin habituel, reçoive ces informations il y a besoin d’une attention vigilante, de communication, d’empathie.
  • Prendre soin, repérer, évaluer, et prévenir ou traiter la douleur relèvent de l’éthique du soin, inscrite dans la loi.

Expression atypique ou trompeuse :

  • Manifestations habituelles de la douleur : souvent discrètes ou difficiles à interpréter : froncements des sourcils, cris, pleurs, prostration, positions antalgiques, postures anormales…
  • Apparition ou aggravation brutale de « comportements problèmes » : auto et/ou hétéro-agressivité, agitation, repli sur soi, atonie (chez l’enfant, atonie psychomotrice), isolement, anorexie, coprophagie, troubles du sommeil, … Troubles du comportement qui sont traités par des antipsychotiques, à tort et sans efficacité. Réciproquement, 70% des troubles du comportement sont liés à un problème somatique.
  • Recherche excessive de contacts avec l’entourage; ou à l’inverse, fuite et évitement des accompagnants.
  • Exacerbation des crises épileptiques, de la spasticité, des phénomènes dystoniques, des mouvements anormaux, des stéréotypies.
  • Composante anxieuse majeure.

Tout changement brutal de l’état basal d’une personne dyscommunicante, toute perte brutale de ses acquisitions, un faciès inhabituellement inquiet doivent faire rechercher une douleur.

Pour identifier la douleur, prendre en compte :

  • les observations de l’entourage « il n’est pas comme d’habitude »
  • les ATCD douloureux (expressions, causes, traitements)
  • une possible latence entre phénomène douloureux et expression
  • une hypo ou une hypersensibilité à la douleur, en fonction du profil sensoriel de la personne ; ou une sensibilité modifiée par des psychotropes ou des antiépileptiques

Quels moyens pour l'évaluation de la douleur ?

Il n’y a pas de marqueurs physiologiques ou chimiques fiables de la douleur. Les personnes dyscommunicantes, du fait de la déficience ou d’un dysfonctionnement de leurs compétences intellectuelles, rencontrent des difficultés pour auto-évaluer leurs douleurs et leurs sièges. Les outils d’auto-évaluation sont rarement fiables.

Les échelles d'hétéro-évaluation

Basées sur l’observation des comportements :
  • Certaines évaluent ces manifestations par rapport au comportement habituel de la personne. Un dossier de base douleur est rempli par les donneurs de soins habituels et les proche-aidants, tous les ans. Elles sont utilisables par des non-soignants : parents, aidants, éducateurs… Ces échelles sont plutôt utilisées pour dépister une douleur devant des signes inhabituels.
  • D’autres ne nécessitent pas une connaissance préalable de la personne ; ces échelles sont utilisées pour évaluer une douleur aiguë, notamment la douleur provoquée par un soin.
Échelles d'hétéro-évaluation connaissance préalable de la personne Âges concernés Populations plus particulièrement ciblées
Oui Non Enfants Adolescents Adultes
DESS (échelle de San Salvadour) X X X X Polyhandicap
GED-DI X X X X TDI, TSA, Polyhandicap
FLACC modifiée X X X Polyhandicap
PDP X X X TDI
ESDDA X X X X TSA
EDAAP X X X Polyhandicap
Algoplus® X X Personnes âgées

La cotation d’une échelle de douleur permet de :

  • Dépister
  • Confirmer
  • Guider le choix thérapeutique
  • Evaluer l’efficacité des traitements

Elle permet également pour l’équipe de :

  • Donner une valeur d’intensité au phénomène
  • Parler le même langage ; rétablir la communication
  • Tracer la douleur
L’utilisation des échelles d’hétéro-évaluation nécessite un apprentissage. Il est recommandé de coter l’échelle à plusieurs.
Pour harmoniser les pratiques au sein d’une équipe, le choix des échelles d’évaluation peut être déterminé par type de handicap.
L’évaluation de la douleur est l’affaire de tous, soignants et entourage.
Moins de 30% des douleurs sont évaluées chez les personnes dyscommunicantes.

Pour en savoir plus

Documentation

Outils

Contributeurs

Cette fiche a été co-construite et validée par le groupe de travail HandiConnect.fr « Douleurs des personnes dyscommunicantes » dont les membres sont :

Mentions légales

Sa réalisation et sa mise en ligne en accès libre ont été rendues possibles grâce au soutien financier de nos partenaires institutionnels.

HandiConnect.fr est un projet porté par l’association Coactis Santé et ses partenaires. Tous droits de reproduction, de représentation et de modification réservés sur tout support dans le monde entier. Toute utilisation à des fins autres qu’éducative et informative et toute exploitation commerciale sont interdites. ©Coactis Santé

Première publication : juillet 2021