N°U6 – Tous professionnels de santé

Accueil d'un patient sourd avec
suspicion de COVID-19

Dernière mise à jour :

IL N’Y A AUCUNE SPÉCIFICITÉ DE PRISE EN CHARGE POUR UN PATIENT SOURD ATTEINT DE COVID-19 MAIS IL FAUT PORTER UNE ATTENTION PARTICULIÈRE À LA COMMUNICATION.

ÊTRE SOURD SIGNIFIE :

Avoir un trouble sensoriel invisible qui retentit sur la communication.
Communiquer selon des modalités propres à chaque patient (langue des signes ou oral) et qui doivent être établies dès les premiers échanges.

… MAIS CELA N’ENTRAÎNE PAS :

Une mutité : certaines personnes utilisent la langue des signes pour communiquer et oralisent peu. Elles ne sont pas muettes pour autant : elles s’expriment selon leurs propres modalités de communication.
Une diminution des capacités cognitives, bien qu’il existe, comme dans la population générale, une grande hétérogénéité du développement cognitif en lien avec le contexte social, affectif, …

En fonction du degré de la surdité, on parle de surdité légère, moyenne, sévère ou profonde
(Bureau International d’Audiophonologie – BIAP). Le terme malentendant, non médical,
désigne une surdité légère à sévère.

COMMUNICATION : COMMENT S’Y PRENDRE ?

SEUL LE PATIENT (OU SON AIDANT) PEUT EXPLIQUER
COMMENT IL SOUHAITE COMMUNIQUER

AVEC LE PATIENT, PENSER À :

Présenter son visage de face,

Se placer en face à face (ne pas regarder son ordinateur ou autre),

Éviter de se placer en contre-jour,

Lui laisser, dans la mesure du possible, porter ses appareils auditifs, ainsi que ses lunettes pour garder le contact visuel,

Parler distinctement, même si vous parlez plus fort,

Éliminer les bruits de fond,
Utiliser une mimique expressive (sans exagérer),
Employer un vocabulaire adapté,
Écrire (Cf. paragraphe « Attention ! »),

Ajouter des outils visuels à l’explication (faire des schémas, dessins ou voir ci-dessous rubrique « Pour en savoir plus – Documentation »)

Si possible, faire appel à un interprète LSF (Langues des signes française) ou à un codeur LfPC (Langue française parlée complétée),

• Toujours s’assurer de la bonne compréhension des explications données au patient en lui proposant de les reformuler (la question « Avez-vous compris ? » ne suffit pas à apprécier la compréhension).

S’adresser directement au patient même s’il est accompagné, notamment d’un aidant, interprète ou codeur.

COMMUNIQUER AVEC UN MASQUE ?

• Le port du masque perturbe la communication, quel que soit le niveau de surdité et le mode de communication utilisée (LSF ou oral) du patient.

• Respect des consignes de protection selon les recommandations en vigueur : le port du masque est de rigueur.

Le recours à des masques transparents est souhaitable. Plusieurs sont homologués (voir rubrique « Pour en savoir plus – Centres ressources »)

QUELS OUTILS POUR FACILITER LA COMMUNICATION ?

• Outils visuels :
SantéBD : des illustrations et du texte en facile à lire et à comprendre (FALC) pour expliquer les soins.
Medipicto : des pictogrammes facilitant l’interrogatoire.

Dans les deux cas, les contenus sont disponibles hors ligne après un 1er téléchargement. Ressources en libre accès.

• Outils de traduction :

TraducMed : traductions en ligne du français vers la LSF de questions préétablies concernant la prise en charge du patient.

• Outils de dictée vocale :

Ava, Traduction Instantanée et Notification de sons : retranscription instantanée de l’oral à l’écrit via tablette/smartphone. Les patients gardent la trace écrite des échanges et peuvent les relire et en discuter avec leur entourage par la suite, ce qui est très important dans leur parcours thérapeutique.

• Outils téléphoniques :

Sous-titrages, traduction en LSF, codage en LfPC, instantanés, après prise de rendez-vous : RogerVoice, Elioz, acceo-tadéo, Ava professionnel ; certaines applications sont payantes.

ATTENTION

Communication écrite

Pour les patients sourds communiquant en LSF, le français est une deuxième langue : passer par une communication écrite peut être source d’erreurs.

Utiliser une syntaxe et un vocabulaire adaptés au patient. Exemple d’une mauvaise
compréhension : « Prendre un comprimé après le repas » qui peut être compris par « Prendre le comprimé, puis prendre le repas ».

L’interprète LSF

Une personne qui maitrise la langue des signes n’est pas un interprète. L’interprète est un professionnel diplômé qui respecte un code de déontologie (neutralité, fidélité, confidentialité).

Lecture Labiale

Attention, le pourcentage de compréhension avec la lecture labiale est très variable selon les personnes et les circonstances.

Attention cependant, certains patients n’oseront pas toujours vous dire qu’ils ne vous comprennent pas : ne pas hésiter à les faire reformuler – Cf fiche conseil HandiConnect « Comment communiquer avec une personne sourde/malentendante » consulter

RECOURIR À UNE MÉDIATION HUMAINE :

• Linguistique :

Via un interprète diplômé qui assure une interprétation LSF/français ou un codeur LfPC, en présentiel ou à distance.

• Culturelle :

La présence d’un interprète ne suffit pas toujours à la bonne compréhension, celle d’un intermédiateur
(professionnel sourd) est parfois nécessaire pour faire un pont culturel.

POUR EN SAVOIR PLUS


CENTRES RESSOURCES :

Liste des
Unités d’Accueil et de Soins des Sourds
(UASS), consulter

Fondation pour l’audition : souriez, portez un masque transparent, consulter
DOCUMENTATION :
CRT (Centre Relais Téléphonique) : le patient peut le contacter pour disposer d’une interprétation relais gratuite dans la limite de 3 heures/mois via l’application gratuite RogerVoice consulter
HandiConnect : fiche conseil  « Comment communiquer avec une personne sourde/malentendante ? » consulter
SantéBD, illustrations et textes FALC, consulter

Poster pédagogique illustré en FALC «je fais le test naso-pharyngé», «je fais le test salivaire» SantéBD, consulter

Médipicto, pictogrammes AP-HP, consulter

Traducmed, traduction LSF, consulter

Transcription instantanée et Notifications de sons. consulter
Ava, consulter
Service d’accessibilité à distance (plages horaires à respecter) :
Elioz
Tadeo-Acceo
INFORMATION PATIENT :
Surdi info, consulter

Numéro d’urgence pour les personnes sourdes : 114

Information COVID pour les personnes en situation de handicap, consulter
Association : Signes et Paroles, consulter

Contributeurs

Cette fiche a été réalisée à la demande du Secrétariat d’État auprès du Premier Ministre chargé des Personnes handicapées, co-construite et validée par le groupe de travail HandiConnect « Surdité » dont les membres sont : Christel Carillo (psychologue AP-HP, Hôpital Pitié-Salpêtrière), Agathe Coustaux (Fondation Pour l’Audition), Dr Laetitia Esman (généraliste, Unité d’accueil et de soins de sourds, CHU Purpan, Toulouse), Françoise Galiffet (assistante sociale), Dr Vincent Gautier (urgentiste, Société Française de Santé en Langue des Signes), Dr Bénédicte Gendrault (pédiatre), Dr Alexis Karacostas (psychiatre, PH honoraire), Dr. Natalie Loundon (ORL pédiatrique AP-HP, Hôpital Necker), Cédric Lorant (Unanimes – Union des Associations Nationales pour l’Inclusion des Malentendants et des Sourds), Dr Sandrine Marlin (génétique clinique, AP-HP, Hôpital Necker), Dr Isabelle Mosnier (ORL, AP-HP, Hôpital Pitié Salpétrière), Arnaud Porte (Fondation Pour l’Audition), Caroline Rebichon (psychologue en ORL pédiatrique, AP-HP, Hôpital Necker), David Rousseff (AFG – Association François Giraud), Antoine Sterckeman (intermédiateur, AP-HP, Hôpital Pitié Salpétrière).

Mentions légales

Sa réalisation et sa mise en ligne en accès libre ont été rendues possibles grâce aux soutiens de la CNSA et des Agences Régionales de Santé.

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