La limitation de la participation d’une personne à la vie sociale du fait de pathologies psychiatriques qui perdurent et entraînent une gêne dans son quotidien, des souffrances et/ou des troubles comportementaux légers, moyens à sévères selon la pathologie. Les troubles psychiques sont variables, évolutifs et sensibles au contexte. Ils peuvent être amplifiés par une rupture de traitement ou par la prise de substances psychoactives.
Peut entraîner une diminution des capacités cognitives (concentration, compréhension, mémoire, cognition sociale …), mais n’affecte pas les facultés intellectuelles.
Qualité du lien social et gravité du handicap sont les facteurs déterminants de l'autonomie de la personne face à sa propre santé
Ces deux dimensions sont mises à mal par le confinement actuel.
Le soutien social (travail, amis, famille, soignants) prévient les troubles psychiques et aide à ne pas rechuter. Le patient souvent n’interpelle personne, que ce soit pour sa santé mentale ou sa santé physique ; s’il est entouré, les proches l’aideront à aller vers les soins ou appelleront le généraliste, ou le psy libéral ou le 15 ou le 0 800 360 360 (voir rubrique « en savoir plus »). (ex : personnes avec dépression qui peuvent être dans le refus de soin ou la banalisation de leur état en cas de suspicion CoVid et ne pas alerter ou ne pas faire les examens nécessaires ou les appels au 15, considérant ne pas « mériter » une prise en charge).
Risques au domicile d'une personne avec handicap psychique
Fragilisation de l'état psychique de la personne
dans ce contexte anxiogène et de confinement, avec possible :
risque d’aggravation de l’isolement social, risque d’errance pathologique
majoration OU apparition de conduites addictives : alcool, tabac, cannabis, écrans, internet …
majoration OU apparition d’une agressivité vers soi ou vers autrui
arrêt des traitements ou surdosage du fait de l’anxiété, voire Tentative de Suicide (TS)
aggravation des troubles du comportement alimentaire du fait du confinement et de l’isolement social, alimentation anarchique
risque de développer un Trouble Obsessionnel Compulsif (TOC) de lavage ou de nettoyage
risque d’aggravation de l’incurie quand l’hygiène était déjà peu régulière
Difficultés à vivre et respecter les consignes de confinement et à effectuer les gestes barrières
Difficultés à se procurer / remplir une attestation dérogatoire de déplacement
Peur des contrôles policiers pour l’attestation pouvant empêcher toute sortie
Angoisse à l’idée d’être contaminé, au point de :
ne plus du tout sortir : pas d’activité physique
moins se nourrir
risque de clinophilie (avec risques cardiovasculaires associés, notamment embolie pulmonaire)
Les signaux d'alerte les plus facilement identifiables :
insomnie : c’est un symptôme de début de rechute le plus fréquent
perte de poids/perte d’appétit ou oubli de manger
perte du rythme de la journée voire désynchronisation totale : vit la nuit, dort le jour
Points de vigilance en ville dans le suivi psychiatrique du patient
Évaluer le contexte social (activité professionnelle, mode de vie) et familial (liens affectifs et proximité géographique) du patient confiné ;
Maintenir un lien thérapeutique régulier, même virtuel (téléphone, visio) :
difficultés du patient à repérer les symptômes d’alerte (ressenti, localisation et intensité, expression de la douleur atypiques)
difficulté du patient à prendre une décision adéquate pour les soins surtout s’il vit seul et que son traitement ne réduit pas suffisamment ses symptômes
en cas de non-réponse aux appels téléphoniques, prévenir les aidants et/ou organiser une visite à domicile : pas de perdus de vue !
Éviter les ruptures dans les traitements / prises en charge : délivrance sans renouvellement d’ordonnance, délivrance de médicaments avec envoi d’ordonnance directement à la pharmacie habituelle, organisation des injections et des éventuels examens biologiques indispensables (ex: NFS mensuelle pour la Clozapine), transports.
Favoriser le rapprochement avec un aidant/proche ou bien gérer les contacts réguliers téléphoniques / visio avec l’aidant/proche.
Points de vigilance en ville après une éventuelle hospitalisation
Risques liés à un sevrage forcé des patients avec conduites addictives
Risques liés à l’arrêt des traitements psychiatriques (thymorégulateurs, neuroleptiques, antidépresseurs)
Ne pas oublier l'habituation aux gestes barrières, distanciation physique et restriction sociale
Les rappeler régulièrement, leur bénéfice et les alternatives relationnelles, à l’aide de
supports adaptés et sans qu’il y ait trop d’angoisse : le patient bénéficie de conditions dérogatoires aux sorties, sans limitation de durée ni de distance, en emportant un document attestant de la situation de handicap (document MDPH ou certificat médical) l’attestation de déplacement remplie (si necessaire) et de sa pièce d’identité, avec respect des mesures barrière.
CovidEcoute est un service gratuit de téléconsultation proposé à toute personne en proie à une détresse psychologique liée à l’épidémie du coronavirus et au confinement
L’UNAFAM propose une aide aux familles de personnes souffrant de troubles psychiques
Cette fiche a été réalisée à la demande du secrétariat d’Etat auprès du Premier ministre chargé des Personnes handicapées et en lien avec la Délégation Ministérielle à la Santé Mentale et à la Psychiatrie. Les contributeurs sont :
Sophie Deloffre (Centre Ressources Handicap Psychique - CREHPSY Pays de la Loire)
Dr Anne Gross (cabinet de psychiatrie libéral)
Dr Nabil Hallouche (Association Nationale pour la Promotion des Soins en Santé Mentale – ANP3SM)
Dr Denis Leguay (Santé Mentale France)
Philippe Maugiron (Association Francophone des Médiateurs de Santé-Pairs – AFMSP)
Marie-Jeanne Richard (Union Nationale de Familles et Amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques – UNAFAM)
Dr Jocelyne Viateau (UNAFAM)
Mentions légales
Sa réalisation et sa mise en ligne en accès libre ont été rendues possibles grâce au soutien financier de nos partenaires institutionnels.