Stéphanie Baz :

Bonjour à tous.

Bienvenue au webinaire que nous organisons aujourd’hui. Vous êtes près de 400 personnes à vous être inscrites à ce webinaire sur les soins bucco-dentaires et l’accueil d’un patient en situation de handicap.

Un grand merci à vous pour votre intérêt, votre temps et vos inscriptions. Je suis responsable de la communication au sein de Coactif Santé. Je vais introduire ce webinaire assez rapidement. Je vais commencer par un aspect purement pratique. Nous sommes ensemble pour 1h, le webinaire est enregistré, il sera disponible en replay pour les jours qui suivent.

Ce webinaire est sous-titré en permanence et traduit en langue des signes.

A la fin du webinaire, vous avez 20 mn d’échanges avec vos intervenants. Vous pouvez poser vos questions tout au long du webinaire, on les prendra à la fin.

Pour commencer, un court rappel pour ceux qui ne nous connaissent pas : Coactif Santé existe depuis 2010, l’objectif est d’agir sur l’accès à la santé des personnes en situation de handicap. Pour cela, elle a développé 2 solutions concrètes, inédites, gratuites : Santé BD, des bandes dessinées écrites en FALC, en Facile à lire et à comprendre. Vous en avez plus de 80.

Nous avons aussi HandiConnect, deuxième solution, qui est un site ressources destiné aux professionnels de santé qui aide les professionnels de santé à accueillir les patients en situation de handicap.

Je reviendrai dessus un peu plus tard.

Pourquoi on lance des webinaires aujourd’hui ?

Coactif Santé a décidé de lancer une série de webinaires destinés à offrir un temps de partage, une information concrète aux professionnels de santé. C’est une série qui sera consacrée à l’accès aux soins des personnes en situation de handicap.

Nous avons décidé de consacrer le premier webinaire à la santé bucco-dentaire des personnes en situation de handicap. Pourquoi ? Car c’est un sujet primordial aujourd’hui pour les personnes en situation de handicap. C’est un sujet dont le constat est assez alarmant.

Un demi-million de personnes en situation de handicap en France n’ont pas suffisamment accès aux soins bucco-dentaires.

90% de personnes en situation de handicap ont des problèmes de gencives.

Le risque d’attraper une carie pour un enfant en situation de handicap est multiplié par 4.

Au-delà de ces chiffres alarmants, les personnes en situation de handicap ont une appréhension par rapport à la visite classique chez le dentiste, et les professionnels ont une appréhension pour les recevoir.

Avant de présenter mes intervenants, je reviens sur ce que propose notre association. Les ressources Santé BD sont sur le site Internet de Coactif Santé et sur santebd.org. Elles sont gratuites, en FALC. Nous proposons 14 BD sur les soins bucco-dentaires : La consultation chez le dentiste, la prévention, comment on prend soin de ses dents, pourquoi on prend soin de ses dents, tout ce qui touche à l’orthodontie. Ces BD sont déclinées en dessins. Vous pouvez les télécharger en un seul clic.

Un seul dessin peut servir à abattre les peurs, à faire comprendre pourquoi le soin doit être accordé, et comment il va être prodigué.

Les deuxièmes ressources, ce sont les ressources HandiConnect. On a 6 fiches conseil. La fiche pour le chirurgien-dentiste, la fiche pour le médecin traitant, une méthode sur comment on passe le relais dans le cadre d’une prise en charge bucco-dentaire, une fiche sur l’habituation aux soins.

On ne travaille pas tout seuls. Notre ADN, c’est la coconstruction avec des experts du handicap, avec des spécialistes du sujet, avec des patients eux-mêmes en situation de handicap. Merci à tous nos partenaires qui sont là, affichés. Merci à tous nos partenaires présents aussi sur cette slide (lecture slide).

Allez faire un tour sur notre site à l’issue de ce webinaire. Je propose d’entrer dans le vif du sujet.

Je tiens à remercier Alain Ngouma, président de SOSS, directeur de Rhapssodif.

Et le docteur Charlotte Gallazzini, chirurgien-dentiste, vice-présidente de SOSS.

Je donne la parole à Alain. Je vous souhaite un très bon webinaire.

Alain Ngouma :

Bonjour à toutes et à tous.

Je pense que c’est moi maintenant qu’on voit sur l’écran.

Je suis président de SOSS, et directeur de Rhapssodif.

Je vais essayer de vous présenter notre rôle et notre action. Excusez-moi si cela va un peu vite.

Merci Coactif Santé pour l’organisation de ce webinaire et pour toute votre action. Merci Stéphanie pour le résumé de la santé des personnes en situation de handicap aujourd’hui. C’est un problème majeur aujourd’hui, d’où la présence de notre association qui a été créée en 2011. Notre association regroupe plusieurs personnes, les personnes en situation de handicap, grâce à la représentation d’associations telles que APF France Handicap, Autisme France etc. Egalement les professionnels de santé, les professionnels de santé orale mais pas que. Egalement les différents réseaux dont je suis un représentant, mais il n’y a pas que Rhapssodif, il y a aussi AccoDents Pays de la Loire, Handi-Dents, le RSVA etc. Et également les personnes physiques, personnes qualifiées, personnes vivant avec un handicap qui représentent les usagers.

On a une expérience de plus de 30 ans. C’est l’expérience qu’on reprend des usagers bénéficiaires et de leur entourage. On reprend la pratique des acteurs de France, internationaux. Nous faisons partie de l’IADH qui représente les associations à l’étranger.

On a aussi toute une bibliographie pour faire nos présentations.

Nous devons mieux répondre aux demandes des personnes à besoins spécifiques. On va permettre un meilleur accès à la santé orale, améliorer la qualité de la prise en charge, car tout le monde a besoin d’une prise en charge comme tout un chacun, et aussi une prise en charge de qualité. Ce n’est pas « déjà, on fait quelque chose ». Tout ça pour répondre au droit d’équité en France.

L’organisation de la santé orale des personnes à besoins spécifiques passe par 4 axes principaux : la prévention, la formation, le fait d’avoir une offre de soins, et de coordonner cette offre de soins. Il est très important pour nous… Je suis désolé, je pensais que je partageais les slides…

Il est important d’avoir pour nous les 4 axes. L’un ne va pas sans l’autre.

On le sait déjà, parfois, on organise des actions de prévention, on fait des dépistages dans les écoles etc. et on n’arrive pas à trouver la solution de soins. Un fois que cette solution est quand même trouvée, le chirurgien fait comme il peut. Nous avons plusieurs chirurgiens partenaires. On essaie à chaque fois de trouver la meilleure solution, mais une fois que la personne est soignée, elle se retrouve à ne pas prévenir la suite de ses soins. S’il n’y a pas personne pour continuer à prendre soin de la bouche du patient, ça ne sert pas à grand-chose. Ça veut dire qu’un an plus tard, il va retourner chez le dentiste, et il devra tout recommencer. C’est pourquoi nous avons proposé de former les personnes et les professionnels à une bonne prise en charge.

Il faut une bonne coordination. Dans chaque région, il est difficile de trouver des solutions de soins. Dès qu’on trouve quelqu’un comme Charlotte, tout le monde y va, et on sature vite la solution de soins, qui n’est pas forcément adaptée au besoin de la personne.

Le premier palier, c’est une personne qui va chez le dentiste, comme vous et moi, on peut orienter tout le monde. Ça concerne la grande majorité des patients que nous orientons.

Soit on oriente vers le palier 2 : la personne a besoin d’équipement spécifique ou de soins spécifiques, par exemple de l’azote qui permet d’avoir une sédation consciente.

Soit un palier 3 : l’anesthésie générale.

En permettant une bonne coordination, nous permettons de ne pas avoir trop de saturation.

En palier 2, on essaie d’orienter des personnes qui ont ce besoin d’anesthésie consciente pour être plus coopérant.

L’idée, c’est d’arriver à accompagner tous les patients pour qu’ils puissent être soignées partout, comme tout le monde. D’où le besoin d’avoir des spécialistes en médecine orale adaptés.

Nous avons une carte des réseaux et des acteurs. Vous aurez les documents que Stéphanie Baz vous transmettra.

Rejoignez-nous car nous ne sommes toujours pas aussi nombreux pour répondre aux besoins actuels.

Je peux vous faire une petite illustration du parcours avec l’exemple de l’Ile-de-France avec Rhapssodif. Nous mettons en place un parcours complet. Je reste disponible. Vous pouvez poser les questions à la fin. Je pense que vous avez eu un petit aperçu de notre association. Merci beaucoup.

Stéphanie Baz :

Merci beaucoup Alain.

Je présente la vidéo que l’association SOSS a préparée, avec une série de témoignages. Je vous propose de la regarder avec attention avant l’intervention de Charlotte Gallazzini.

Vidéo en cours de lecture

Voici pour cette vidéo très poignante. Merci à l’association SOSS pour cette compilation de témoignages. Je donne la parole à Charlotte Gallazzini, docteur chirurgien-dentiste au CHU de Niort.

Charlotte Gallazzini :

Je mets le micro, et je lance le partage d’écran.

Merci, Stéphanie. Tout le monde entend ?

Oui ?

Merci d’organiser ce webinaire sur les soins bucco-dentaires.

Je travaille exclusivement dans la prise en charge de patients en situation de handicap en tant que chirurgien-dentiste et en tant que vice-présidente de SOSS.

Au niveau universitaire, les étudiants ne sont pas forcés à la prise en charge des personnes en situation de handicap, ce qui est bien dommage. On sait tous que, pour soigner une personne à besoins spécifiques, on a besoin de connaissances bien précises, de connaître des adaptations aux soins, de connaître les pathologies particulières, le situations comportementales, qui permettent de soigner tout un chacun, quelle que soit sa situation de vie, comme il se doit dans un cabinet dentaire. Aller dans un cabinet dentaire, pour tout le monde, qu’on soit en situation de handicap ou pas, c’est une situation difficile, anxiogène. On sait qu’il va y avoir des odeurs, des bruits, des personnes avec des blouses blanches, on va toucher à la bouche, qui est quand même un endroit spécialement sensible.

Quand on est situation de handicap, quand on a des troubles du comportement, de la déglutition, qu’on a une fonction orale particulière, déficiente, on a une anxiété aux soins qui est encore plus forte. Donc nos adaptations aux soins vont être nécessaires.

Je n’ai pas la présentation habituelle… Ce n’est pas grave… ?

Tout le monde voit mon écran ?

Je ne vois pas l’écran comme ce matin…

Je continue.

Pour parler de l’adaptation de la prise en charge pour les personnes en situation de handicap au cabinet dentaire, j’ai choisi de prendre, de m’adapter à la grille des adaptations aux soins, que tout chirurgien-dentiste a maintenant dans son logiciel métier. C’est une grille mise en place par SOSS en partenariat avec la CNAM et les syndicats de chirurgiens-dentistes, qui regroupe 7 critères qui sont des critères qu’on va pouvoir cibler, définir sur le patient qu’on accueille au cabinet. Donc un critère de communication, un critère d’autonomie, de coopération du patient. Quelles procédures facilitatrices je vais être amenée à mettre en place, le dossier médical du patient, la santé bucco-dentaire et les facteurs de risque de mon patient. Et la situation administrative.

J’ai choisi aujourd’hui, car j’ai un temps de parole un peu limité, de cibler les 5 critères. Je ne parlerai pas du dossier médical et de la situation médico-administrative qui est plutôt le côté juridique de la grille.

Dans les adaptations de la prise en charge, quand un patient prend rendez-vous, dès l’accueil par la secrétaire, on va poser des questions sur la communication. Est-ce un patient qui a des troubles cognitifs mineurs ? Est-il malentendant ? Etc.

Je vais adapter ma prise en charge et ma façon de me former.

Si un patient est malentendant, je me forme à la langue des signes. Personnellement, je n’ai pas appris la LSF par cœur, qui est une vraie langue vivante, mais quelques signes qui permettent de dire : bonjour, où tu as mal etc. Cela met la relation de confiance en place.

Il faut accepter qu’il y ait plusieurs personnes dans le cabinet, un voire deux aidants.

On pourra utiliser des fiches avec pictogrammes pour communiquer. Certains patients arrivent même directement avec leur petite fiche, prise sur Santé BD.

Après, toute la communication non verbale, qui va être la parole avec les mains, le sourire, les yeux, le corps qui parle pour pouvoir communiquer.

Le deuxième critique, c’est l’autonomie. Normalement, tous les cabinets dentaires doivent être accessibles aux personnes PMR.

Il faut être amené à pouvoir autoriser à faire des bons de transport. Tout dentiste est autorisé à le faire, quand un patient doit se déplacer en taxi ou VSL.

Mon patient arrive-t-il sur un brancard ? Auquel cas il faut de la place, et prévoir la place dans la salle d’attente aussi.

Est-il en fauteuil roulant ? Les transferts sont-ils possibles ou pas ?

Je peux demander qu’une tierce personne vienne m’aider.

Il faut accepter aussi de changer nos ergonomie, de faire des soins dans un brancard, ou de s’adapter au fauteuil du patient. Et avoir des petits coussins pour la tête. Ou des coussins pour les personnes qui ne peuvent pas allonger leurs jambes. Etre dans une bonne situation pour faire les soins, avec les mêmes protocoles que pour les autres personnes, mais avec cette adaptation de confort sur le fauteuil.

Je vous montre là le cabinet adapté. Il y a un peu de déco. Il y a des petits oiseaux qu’un patient m’avait donné.

Le fauteuil va être adapté aux personnes à mobilité réduite. Vous avez l’assise en bas à gauche, qui, par coup de pédale, peut se détacher. Et la plateforme à droite vient se mettre à la place.

Je remercie Yannis et Noé d’avoir accepté d’être montrés en photo.

Yannis est IMC, il est verbal. Il a pu utiliser la plateforme. Il était heureux car, pour une fois, on n’avait pas à le sortir de son fauteuil, car quand on le sort de son fauteuil, il a des douleurs.

C’est un patient moins anxieux. On peut lever la plateforme, être dans une situation de confort par rapport aux instruments dont on a besoin.

Troisième point : la coopération. Au niveau de l’appel téléphonique, posez la question : quel est le niveau de coopération du patient ?

La première chose: mon patient est-il anxieux ? On est encore plus anxieux quand on a des difficultés d’adaptation au bruit etc.

L’évaluation de l’anxiété, c’est l’échelle de 0 à 5 : le patient est-il détendu ou anxieux ?

Va-t-il être agité avec des gestes d’opposition et de pleurs ?

En fonction de ça, je vais adapter ma prise en charge.

S’il y a une coopération moyenne, je peux utiliser des procédures facilitatrices. Ou je vais diminuer le temps d’attente dans la salle d’attente. Une attente prolongée génère une augmentation de l’anxiété. Est-ce que je peux mettre ce patient à un horaire plus adapté ? Certaines salles sont équipées de rien.

Si le patient est agité ce jour-là, il faut accepter que ce ne soit pas le bon jour, et que le rendez-vous sera reporté.

Les procédures facilitatrices : il y a la prise en charge comportementale : les techniques d’hypnose, les techniques conversationnelles, comme la prise en charge de petits enfants. Des mots qu’on n’utilise jamais. On ne dit pas : je vais piquer, attention, ça va faire mal !

On adapte son vocabulaire.

Des mots doux aussi. Un accueil souriant, rassurant.

Adapter aussi le cabinet. J’ai un poste de musique où je mets la musique à la demande. Le patient me dit par exemple : j’aime Sardou. A tous les rendez-vous, il y a Sardou. Un autre, ça va être Vianney.

Ça rassure. On est dans une ambiance décontractée.

Après, il y a la sédation consciente. La sédation vigile avec du Midazolam.

Les procédures facilitatrices : tout objet de diversion pour être bien, pour donner envie de revenir. Nos patients, on les voit pour leur vie, toute leur vie.

J’ai un écran de report de télé. Je mets des DVD. Le patient choisit son film. Ça permet de penser à autre chose pendant le soin. C’est la diversion d’attention.

La musique, la décoration.

Après, dans les aides, il y a le Meopa. Utiliser du Meopa (gaz hilarant), il faut être formé. Ce n’est pas compliqué, c’est une formation d’une journée. Il faut la faire, car il faut être attesté qu’on est habilité à utiliser du Meopa.

Vous voyez la bouteille avec le ballon vert. On applique le masque sur le visage du patient, le patient respire le gaz. Il faut 3 mn minimum pour que la détente arrive. Ça met le patient dans un état un peu euphorisant. Tout ça, ça s’apprend. Il faut aussi une adaptation au masque. Car mettre un masque sur le visage, parfois, c’est quelque chose qui peut faire peur.

Au début, je mets avant l’anesthésie, mais on peut la mettre aussi sur le nez pendant le soin, pour que le patient continue de respirer le gaz pendant le soin.

A droite, un lieu d’anesthésie générale, en établissement de santé, avec un anesthésiste, une infirmière de bloc.

C’est pour tout patient, phobique, en situation de handicap, ou des tout-petits. Cette prise en charge en anesthésie générale, c’est crucial. Ça permet de soigner des patients en refus total de soins, ou avec une trop grosse anxiété. Ou même des patients qui ont 32 dents à faire réparer.

Donc c’est très important de pouvoir améliorer cet accès aux soins, même si c’est le dernier recours, mais pour certains, c’est le recours pour les soins.

Forcément, on a dans tous les patients en situation de handicap des patients pour lesquels la première consultation ne peut pas se faire sans visite blanche ou séance d’habituation. Car ils sont tellement anxieux aux soins, on des troubles du comportement tellement importants, qu’on est obligés de faire des séances d’habituation. On parle aussi de visite blanche. Je ne suis pas fan de ce terme. Car on entend dans ce terme le fait de ne rien faire. Or, c’est entrer dans le cabinet, rencontrer la secrétaire, les assistantes, visualiser les lieux, sentir, voir. Pour certains patients, particulièrement, même si je ne veux pas réduire à l’autisme, mais pour les autistes, c’est important. Ils ont besoin de ces préparations pour la mise en confiance et l’accès aux soins.

Je propose en amont de donner les photos de l’équipe, la photo du fauteuil. Je prépare des fiches de pictogrammes. Je conseille celles de Santé BD, mais le matériel que j’utilise, ils doivent le voir avant. Ces fiches me permettent de retravailler à la maison pour, avant la séance, reparler, voir les dents, avec les mots adaptés. A droite, vous avez une fiche personnalisée. Les deux garçons ont eu besoin de ces fiches et de la vidéo du panoramique dentaire. On a fait un petit film pour qu’ils le voient.

Donc ces séances sont importantes, pour ritualiser, donner confiance, donner envie de revenir et de permettre le soins après. Ça, c’est gagné pour toute la vie après.

Là, je vous ai mis mon recueil de données à moi. Chacun peut faire son propre recueil de données. Il est un peu différent d’un praticien en ommi pratique, mais il est intéressant pour l’adapter à des personnes en situation de handicap. Car je vais demander si la personne vient d’un établissement ou pas, que je vais avoir besoin de recontacter. Ou de contacter une tutelle. Avec qui il est accompagné. S’il a de la famille. C’est intéressant de pouvoir dire : je vais parler de son frère, de sa sœur, pour le mettre en confiance.

Quel est son handicap, quel est le traitement en cours ? Car beaucoup de traitements nuisent à la santé bucco-dentaire.

Mon patient ne sera pas dans le même état d’anxiété la première fois, et au cours des séances de soins.

Ensuite, si le patient se brosse les dents seul ou avec une aide. Quelle technique ? Quel matériel ? S’il mange de manière autonome ou pas ? S’il mange en texture normale, en mixé ? Les patients qui vont manger une alimentation molle et collante sont plus sujets à risque de carie. Donc je fais attention à donner des conseils alimentaires.

Ce patient a-t-il des troubles de la déglutition ? S’il a de l’eau gélifiée ou pas ?

Est-ce qu’il s’installe spontanément ou pas ? Est-ce qu’il a un handicap moteur ? Est-ce qu’il est en fauteuil coque ou pas ?

Est-ce qu’il aime la musique ? Quelle musique ? Quelles sont ses phobies ? Certains patients ne supportent pas la blouse blanche, car beaucoup ont fait des séjours en milieu hospitalier.

Donc on enlève la blouse pour ces patients.

Au niveau des facteurs de risque, je prends la 6e adaptation : dans quelle situation est le patient ? A-t-il des troubles de la déglutition ? Est-ce qu’il a une trachéotomie ? (lecture à l’écran).

En fonction de ça, je vais adapter ma façon de prendre en charge.

Si c’est un patient avec des troubles de la déglutition, je penserais à prendre 2 aspirations, à le mettre en position semi-assise, la tête relevée. S’il a une gastrostomie, ça veut dire rien par la bouche. Sauf qu’ils ont quand même du tartre, des reflux, donc possibilité d’attaque acide de l’émail. Il faut aussi penser au détartrage. Le brossage des dents qui est quand même nécessaire. La bouche est quand même un lieu de vie, un lieu humide, le début de la chaîne digestive et respiratoire.

Les patients spastiques, qui ont des raideurs. En bouche, je peux m’aider un cale-bouche. Nos patients en situation de handicap ont souvent beaucoup de mal à garder la bouche ouverte. Avec l’aide d’un cale-bouches, on peut accéder aux dents et au brossage plus facilement.

Ensuite, des patients qui ont des troubles de dysoralité sensorielle : je vais adapter les produits et les textures des produits que j’utilise. Par exemple, la pâte à détartrer à la menthe, certains ne supportent pas la menthe. Donc je prends le parfum pomme.

Je vais avoir besoin de prendre des temps de pause. Les soins sont souvent longs.

Avec les patients avec défaut ou absence d’hygiène buccale, accompagner au brossage, aux outils utilisés, au positionnement etc. Aller dans les établissements, former les personnes dans les établissements. Former des référents en hygiène orale dans les établissements pour que le quotidien soit mis en place au niveau de l’éducation thérapeutique. Et l’alimentation trop sucrée : souvent, les patients, il faut leur donner des conseils. Sur le rythme des repas également. Je pense à des patients autistes qui mangent souvent, qui sont très compulsifs au niveau de l’alimentation.

Au niveau des outils, vous avez là le cale-bouche. C’est un silicone extra dur. C’est très confortable pour le patient.

Vous avez des données sur la triface.

Et à gauche, sur mon porte-brosse-à-dents, une protection pour la brosse à dents qui va permettre, quand on a des difficultés de praxie, un manche adapté. Certains mettent une balle de tennis pour que le patient puisse tenir sa brosse.

On va voir le film d’une séance d’habituation au soin.

Joris et Neo ont une maladie génétique avec des troubles du comportement, un retard de langage.

Ce film a été fait au moment où ils avaient 14-15 ans. Ça faisait déjà 12 séances d’habituation.

Au début, ils n’accédaient pas au fauteuil, et la 12e séance me permet de faire du détartrage et de la fluoration.

(vidéo)

– La maman est dans la salle.

On accepte le frère aussi.

Charlotte Gallazzini :

Dans ce film, la maman est présente. On a travaillé sur l’acceptation du masque, du Meopa. Il sourit car il y a sa vidéo préférée. Ils ont travaillé avec la maman. La fiche avec la ritualisation du soin, je mets le masque, je regarde dans la bouche, je vais mettre le coton etc. Ils ont l’habitude de ce suivi-là.

Pour terminer ma présentation, toutes les adaptations de la grille Apecs vont permettre, depuis août 2020, et je remercie tout le monde, particulièrement l’équipe de SOSS, de faciliter l’accès aux soins d’un public fragile et souvent en difficulté ou en refus de soins, de pouvoir valoriser la facturation des soins pour les professionnels de santé.

Si vous avez au moins un score modéré ou majeur de cette grille Apecs à cocher, vous avez une majoration de l’acte à 100€ (lecture à l’écran).

Ça, c’est la grille Apecs qui montre les 7 domaines d’évaluation, avec le site, le lien direct pour y accéder.

Ça, c’est l’évolution de la nouvelle convention des chirurgiens-dentistes, d’août dernier. C’est une énorme avancée. Au nom de SOSS, je remercie vraiment la CNAM et les syndicats d’avoir accepté cette évolution pour la prise en charge des personnes fragiles ou à besoins spécifiques, qui vont permettre maintenant de facturer la consultation blanche, à hauteur de 5 séances par an d’habituation au soin. Et les actions hors les murs, c’est-à-dire les formations en établissement. Le chirurgien-dentiste aura une rémunération de 300€ quand il se déplacera dans un établissement de santé ou médico-social pour faire de la formation aux personnels aidants et de dépistage. Et l’obligation d’un bilan bucco-dentaire lorsqu’une personne ira vivre en établissement spécialisé. C’est une énorme avancée.

En jaune, ce sont les dates peut-être prévues de cette valorisation des actes, qui n’est pas encore sortie en loi.

Vous pouvez aller sur Santé BD pour aller plus loin.

Je n’utilise pas Santé BD pour moi, dans mon activité, par contre, je le conseille à tous mes patients pour faire les fiches de travail avant, pour dédramatiser une situation. Elles sont très bien faites, les patients peuvent s’en aider. Ou afficher dans la salle d’attente, dans la pièce où le patient se lave les dents.

Sur le SOSS, vous avez des données, des vidéos, des réseaux de soins pour préparer les consultations.

L’UFSBD prodigue des formations pour les professionnels.

Ça, c’est ma vidéo pour vous mettre le lien des documents, HandiConnect aussi. Et cette médiathèque de documents, vidéos. On a essayé de cibler tous les thèmes dont vous pouvez avoir besoin pour préparer les soins.

Je vous remercie.

Je suis prête à répondre aux questions car c’est peut-être un peu court pour parler de toute cette prise en charge.

Stéphanie Baz :

Merci infiniment pour cette présentation claire et extrêmement pédagogique. C’est très agréable à écouter.

Il nous reste 5 mn pour conclure le webinaire.

Je voulais donner la parole à une maman témoin qui a été patiente pour son fils Steven chez Charlotte Gallazzini.

Nous avons reçu des questions pendant le webinaire. Charlotte y a répondu pendant sa présentation sans s’en rendre compte. Mais on pourra répondre aux autres par écrit.

Le replay sera disponible dans quelques jours. On vous enverra quelques ressources et quelques documentations.

Fabienne Bonte :

Bonjour à tous.

Merci à Coactis, car j’ai appris pas mal de choses en plus aujourd’hui.

J’ai un jeune fils de 17 ans, suivi avec Charlotte Gallazzini depuis quelque temps, depuis quelques années. En fait, ça se passe super bien. Il y a un accueil qui est très personnalisé. Il se sent vraiment en confiance. Il y a beaucoup d’empathie de la part de Charlotte, le sourire, sa façon de lui parler. Elle sait bien chanter aussi, ça apaise. Elle a trouvé le moyen pour apaiser Steven pour les soins spécifiques.

On est très malheureux actuellement, car à Orléans, nous n’avons plus de personnes spécialisées pour ce type de prise en charge.

Ce qui marche bien pour Steven, il y a aussi une approche comme dans le film, avec le Meopa. Il adore cette prise en charge. Et le fait que Charlotte explique tous les gestes qu’elle va faire. Ça, c’est super important.

Je ne vais pas trop étendre car on est juste au niveau timing.

Stéphanie Baz :

Merci beaucoup, Fabienne.

Fabienne Bonte :

Où peut-on trouver la liste des dentistes formés pour les soins spécifiques ? Ce serait bien d’avoir cette information pour les parents.

Stéphanie Baz :

Ce sera la seule question.

Alain Ngouma :

L’APF met en place un annuaire pour tous les professionnels de santé pour qu’ils puissent retrouver les personnes qui prennent en charge les personnes à besoins spécifiques, dentistes ou autres.

Sinon, à chaque fois, sur chaque réseau, on ne met pas à disposition les annuaires car nous sommes encore trop nombreux, il y a une saturation trop rapide à chaque fois. En plus, l’orientation n’est pas forcément adaptée. Il y a parfois des personnes qui appellent avec tel besoin, et finalement, on peut les orienter vers un autre type de soin.

Pour une question de coordination et de saturation, c’est pourquoi on ne trouve pas les coordonnées des chirurgiens-dentistes sur nos sites. Mais vous pouvez vous connecter à un réseau qui vous orientera.

Stéphanie Baz :

Merci beaucoup Alain. Merci Charlotte encore une fois.

Merci Fabienne. Merci à toutes les personnes qui ont participé à l’élaboration de ce webinaire. Merci à Anne-Charlotte.

N’hésitez pas à envoyer un mail ou un message à l’équipe de Coactif Santé pour les questions. Merci à l’équipe de Coactif Santé. Le 8 février prochain, même heure, ce sera sur l’accès et le suivi gynécologique des personnes en situation de handicap. Restez connectés avec nos actualisés sur les réseaux sociaux et notre site Internet. Merci à tous les participants, et merci à Jules à la technique. A très bientôt.